Regards croisés : Les mutations sociologiques des immeubles - Des copropriétaires et trois moutons

par YS
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Des copropriétaires et trois moutons

Pouvez-vous présenter la copropriété concernée et la genèse du projet d’éco-pâturage ?

 

 

Charlène SAUVADETCharlène Sauvadet (Toulouse) : Le projet d’éco-pâturage a été proposé à nos clients copropriétaires de la résidence Les Villageoises située à Toulouse. La particularité de cette copropriété réside dans la présence d’un vaste terrain de 2800 m², situé à l’arrière des quarante-cinq villas qui la composent.

Les copropriétaires cherchaient, depuis longtemps, une solution pour valoriser cet espace totalement enclavé qui leur générait des coûts d’entretien élevés pour un résultat mitigé.

Dans le cadre de (notre) démarche Nature en Ville, (nous) avons proposé le recours à l’éco-pâturage, avec une tonte réalisée par trois moutons de race solognote et originaires de Moissac [Tarn-et-Garonne]. Cette méthode alternative en matière d’entretien des espaces verts, mis en œuvre par la MILPA (concepteur d’espaces verts et maraîchage urbain) a immédiatement suscité l’adhésion de l’ensemble des copropriétaires.

 

Quels ont été les arguments qui ont décidé d’un vote favorable de l’assemblée générale ?

Ce projet est avant tout celui d’un conseil syndical désireux de recourir à une solution écologique, pérenne et peu coûteuse pour valoriser son patrimoine, et qui a su informer, convaincre et valoriser les bénéfices de l’éco-pâturage.

Deux arguments ont résolument convaincu les copropriétaires. Tout d’abord, le coût. En effet, l’objectif n’était pas de doubler la facture d’une tonte traditionnelle mais de trouver une alternative raisonnable. Au final, le coût de l’éco-pâturage est quasi-identique à celui d’une prestation d’entretien classique, même si un investissement initial a été nécessaire afin de financer notamment le renfort des clôtures existantes, la construction d’un abri et les soins des animaux.

Le second argument en faveur de l’éco-pâturage était son bénéfice sur le plan écologique et humain. Trois moutons paissent tranquillement dans la résidence, les résidents et leurs enfants leur rendent régulièrement visite, l’herbe est tondue de façon écologique et des animations pédagogiques sont régulièrement organisées autour de la tonte ou des soins prodigués aux animaux.

Le contrat de préservation de la planète, à l’humble échelle de la résidence, est conclu ; la convivialité de voisinage est renforcée, les moutons sont devenus les mascottes de la résidence et il règne désormais une atmosphère de «poumon vert» au sein même de ce quartier toulousain.

 

Comment l’éco-pâturage fonctionne-t-il ?

La MILPA s’est chargée d’acheminer les trois moutons dans la résidence début avril 2020. Le contrat était clair : les équipes s’occupent de l’entretien et du bien-être des moutons. L’eau étant amenée grâce à un système de récupération des eaux de pluie ; la MILPA s’assure que le niveau est suffisant, et complète au besoin. Les résidents peuvent également remplir le bac d’eau s’ils constatent, notamment lors des fortes chaleurs estivales, qu’il se vide trop vite. En juin 2020, l’entreprise a organisé une animation autour de la tonte des moutons. Tous les résidents ont été invités à observer cette tonte traditionnelle et les enfants sont repartis avec un bout de laine.

L’entreprise a rapatrié les moutons en bergerie à la fin du mois d’octobre.  En une saison d’éco-pâturage, nous avons pu constater une régulation de l’espace vert. La pelouse a retrouvé un aspect de prairie et les herbes pollinisées peuvent s’égrainer. Au-delà d’une réponse aux attentes matérielles de la résidence, l’éco-pâturage a contribué au maintien d’un lien social essentiel entre les résidents tout en favorisant la biodiversité.