[N° 580] - Profession : Gardien d’immeuble en copropriété - A qui profitent les gardiens ?

par Maud PHILIBERT
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A qui profitent les gardiens ?

La question du service rendu et de son coût reste centrale. “Concierge“ du latin “convervius“ signifie “avec service“. Mais justement, combien, le copropriétaire est-il prêt à mettre pour obtenir que lui soit rendu un certain nombre de services ? Comment savoir que l’appel à un prestataire extérieur ne sera pas moins onéreux par exemple ?
«Il faut tout d’abord savoir sur combien de lots ce coût est amorti. Il est certain que pour une centaine de lots, le coût d’un couple de gardien ou d’une personne seule avec entreprise est plus compétitif à l’embauche que celui d’une externalisation totale» comment Sébastien Lloret responsable du service clients Loiselet et Daigremont.
«En outre, avec un gardien salarié de la résidence, il y a une souplesse de fonctionnement qui n’existe pas avec une société prestataire. Mais cette souplesse suppose d’une part, que le gardien soit suffisamment encadré, et d’autre part, que le titulaire du poste soit suffisamment autonome. En effet, l’autonomie et l’esprit de responsabilité sont des qualités indispensables qu’il faut évaluer chez les candidats au moment du recrutement pour un poste de gardien. Le cœur du problème est dans le rapport entre le coût du gardien et le service rendu. La question n’est donc pas de dire “comment faire pour que le gardiennage coûte moins”, mais “comment faire pour que le gardien rende enfin un bouquet de services qui va donner aux résidents le sentiment qu’ils ont un réel retour sur leur investissement”» ajoute Sébastien Lloret.
Le coût de revient du poste est donc bien une question central. Le copropriétaire saturé par les charges a de plus en plus de mal à comprendre de manière concrète ce que le poste de gardien représente, exceptée une charge pour son portefeuille. «Tout l’enjeu réside dans notre capacité en tant que professionnels œuvrant pour la revalorisation de ce métier à démontrer que la gardien génère de manière directe et indirecte une forte valeur ajoutée sur la résidence donc sur le bien du copropriétaire» commente Lionel Lopes, directeur général délégué de l’organisme de formation At Patrimoine.
Cet avis est partagé par Philippe Larrue, président d’un conseil syndical d’une copropriété de plus de soixante lots, en région lyonnaise. Il reconnait volontiers que les enjeux concernant le poste de gardien ne sont pas toujours bien compris par l’ensemble des copropriétaires  (voir entretien ). A prestations égales, les copropriétaires comparent le coût immédiat occasionné par un gardien avec celui engendré par l’appel à une société prestataires de services. Or, selon le cahier des charges confié, (le ménage et l’entretien des espaces verts reste des prestations très onéreuses lorsqu’on les externalise), le gardien justifie son coût par une présence constante sur la copropriété, par de la réactivité. Il s’agit d’un véritable métier de service contrairement aux prestations minimales (entretien, sortie des poubelles) réalisées par des prestataires extérieurs.
Lorsque les contextes sociaux sont difficiles, les gardiens deviennent les garants de la bonne marche de la vie en communauté. Ils sont un relais à la fois pour les copropriétaires mais aussi pour le syndic, qui sur place, pourra faire appel à eux. «L’occupation des postes de gardiens d’immeuble a une durée de vie relativement longue et lorsque la copropriété est satisfaite de son concierge, elle fera tout pour le garder sans craindre d’y mettre le prix car la relation de confiance ainsi établie prend le dessus» explique Olivier Lacazin.

 

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