Initié en 2024 par le député Lionel Causse, président du Conseil national de l’habitat (CNH) à l’époque, un groupe de travail composé d’une vingtaine de membres a rendu son rapport fin juin «L’avenir du métier de syndic de copropriété et de son rôle dans la transition environnementale des immeubles collectifs».
Ce document, remis par Henry Buzy-Cazaux, rapporteur, brosse un portrait précis de la profession qu’il présente comme indispensable mais également critiquée de toute part.
Face à une société en perpétuelle évolution, le syndic s’adapte et joue un rôle clef dans la société d’aujourd’hui. Ainsi, le rapport souligne que de son engagement dépend la réussite de la transition environnementale des copropriétés, d’autant plus que 90 % de ces dernières sont gérées par des syndics professionnels.
Alors que la responsabilité des syndics ne cesse d’augmenter, l’avenir de la profession ne doit pas être laissé au hasard. Dans ce cadre, le Conseil national de l’habitat a émis quarante-cinq propositions.
Parmi celles-ci, figure la formation qui permet «d’obtenir une montée en compétences des dirigeants de cabinets et des gestionnaires». Le CNH insiste sur la nécessaire vérification par les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) du suivi des 42 heures de formation des gestionnaires. «À ce jour nous sommes loin du compte» constate Gilles Frémont, président de l’Association nationale des gestionnaires de copropriété (ANGC).
Le rapport fait également écho de la récente décision du Conseil d’État (CE, 6e ch., 25 févr. 2025, n° 492640, inédit) au sujet de la formation initiale des collaborateurs, en attente d’un décret à paraitre et rappelle très justement que les gestionnaires de copropriété seront concernés par ce futur texte.
La profession peine à recruter et a besoin de développer son attractivité. Pour cela, le rapport propose diverses mesures, comme recourir à l’intelligence artificielle ou l’interopérabilité des logiciels qui permettrait de fluidifier les changements de syndics. Il préconise également de réfléchir à changer le nom du métier de syndic. Il suggère de faire reculer la pénibilité du métier en évitant la tenue d’assemblées générales tardives, cheval de bataille de nombreux professionnels.
Afin d’améliorer la communication entre le syndic et les occupants, le rapport émet une suggestion originale. En plus des moyens habituels, comme l’extranet, les mèls et les réseaux sociaux, l’installation d’écrans interactifs dans les parties communes, notamment dans les ascenseurs, permettrait d’afficher des informations à destination des copropriétaires et des locataires. Bien que louable, cette idée semble difficilement réalisable, notamment compte des frais engagés et du temps consacré par le syndic pour le tenir à jour.
La rémunération du syndic est restée rigide depuis la loi ALUR puisque depuis 2014 les prestations pouvant donner lieu à des honoraires spécifiques sont limitées. Permettre une rétribution supplémentaire pour étudier les chantiers de rénovation énergétique ou la mise en place et le suivi des prêts collectifs accélérerait, d’après le CNH, l’attractivité de la profession et participerait à la réussite de la transition environnementale des copropriétés. Aussi, le CNH propose d’assouplir le contrat de syndic type.
Autre mesure à souligner, le rapport relance l’idée de créer un ordre professionnel des syndics. Gilles Frémont appuie cette proposition : «Nous soutenons pleinement cette proposition, tout comme 95 % des gestionnaires interrogés. C’est un véritable plébiscite. Pourtant, nos syndicats représentatifs semblent peu pressés d’y souscrire, illustrant un décalage entre les instances syndicales et la réalité des praticiens sur le terrain. Si un ordre devait voir le jour, il devra [sic] être strictement professionnel, sans présence des associations de consommateurs, comme c’est le cas aujourd’hui au sein de la commission de contrôle du CNTGI. Dans un ordre, les professionnels sont jugés par leurs pairs uniquement. Les associations de consommateurs n’y ont absolument pas leur place».
Ce rapport a le mérite de mettre en lumière une profession décriée qui suscite beaucoup d’attente de la part non seulement des copropriétaires mais également des institutions.