[N°631] - L’étanchéité des toitures-terrasses - Quid des toitures terrasses végétalisées ?

par Julie HAINAUT, journaliste
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 Quid des toitures terrasses végétalisées ?

Comparée à d’autres pays comme le Canada ou la Suisse, la France est à la traîne en matière de toitures-terrasses végétalisées. «En France, le concept de végétalisation extensive des toitures est apparu au début des années 90, porté par des industriels de l’étanchéité. Il s’est développé très lentement durant la décennie 90, et entre de plus en plus en phase avec les attentes de la société française depuis 2004, se concrétisant, notamment, autour de la démarche HQE et le souci de prendre en compte, dans la construction, des solutions respectueuses de notre environnement» précise Adivet (Association des toitures et façades végétales).

Lors de la conférence du 6 juin dernier sur les enjeux de la végétalisation du bâti, organisée par Adivet, Philippe Clergeau, professeur et consultant au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, a rappelé l’intérêt de multiplier les espaces verts, pour «améliorer le cadre de vie et réguler certains problèmes environnementaux dont les infiltrations des eaux de pluie et le stockage de CO2».
Le 3 juillet dernier, Catherine Muller, présidente de l’Union nationale des entreprises du paysage, a écrit une lettre ouverte dans Les Echos, à M. Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire et à M. Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Elle a rappelé le désir des Français pour des «villes plus vertes». «Au-delà des grands parcs naturels, véritables richesses pour notre pays, les espaces verts, jardins, murs et toitures végétalisés constituent autant de réservoirs de «biodiversité ordinaire», indispensables dans les zones urbaines. Un certain nombre de collectivités, rassemblées au sein de l’Observatoire des Villes Vertes, l’ont bien compris. Des villes comme Angers, Nantes et Strasbourg font figure de pionnières et innovent aux côtés des jardiniers-paysagistes (…). Mais leur marge de manœuvre reste limitée, et en l’absence de cadre incitatif au plan national, leurs efforts restent soumis aux aléas des calendriers électoraux et à des budgets municipaux particulièrement contraints.»

Une toiture-terrasse végétalisée est, au-delà de l’aspect esthétique, très écologique, les végétaux absorbant le CO2 de l’air tout en rejetant de l’oxygène et favorisant ainsi la biodiversité (surtout si la copropriété décide d’y implanter des ruches). Ce type de toiture plate séduit de plus en plus les copropriétés, qui peuvent ainsi bénéficier d’un espace de vie extérieur, de plus en plus prisé en ville, faisant gagner ainsi des mètres carrés. Le tout en isolant l’habitat de la chaleur, du bruit, des courants d’air, des intempéries et du froid. En plein été, sur une terrasse classique, la température peut s’élever jusqu’à 80-90° C, alors qu’elle n’ira pas au-delà de 30° C sur une terrasse végétalisée. La plupart des toitures-terrasses végétalisées sont réalisées à partir de sedums, des plantes vivaces qui supportent des températures extrêmes et les aléas climatiques (du coup de gel au vent violent en passant par la canicule), et un sol pauvre et drainant. Les sedums s’auto-régénèrent et changent de couleurs selon les saisons. Il existe environ 400 espèces de sedums. Les sédums peuvent être des plantes de rocaille ou de petits arbustes. Les sedums sont entomophiles ; ainsi la pollinisation s’effectue par les insectes. Cette pollinisation n’est pas répertoriée comme allergisante par le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). «Ce sont des plantes de rocaille qui stockent de l’eau dans leurs feuilles et donnent des fleurs en étoile à cinq branches (parfois quatre ou six). Les sedums les plus répandus en végétalisation de toiture sont les suivants : acre, album, floriférum, réflexum, sexangulare, spurium» précise Adivet. Si le sedum est utilisé à 80 % sur les toitures-terrasses végétalisées, il est également possible de planter d’autres plantes vivaces et graminées. Il faudra cependant veiller à ce qu’elles soient ultrarésistantes. Tout comme il importe être vigilant la première année sur l’installation d’herbes sauvages, il faut aussi penser à désherber plusieurs fois par an.

Il existe les toitures végétalisées extensives qui nécessitent un substrat d’une épaisseur de 5 à 15 cm, idéales pour les sols pauvres, et les toits à végétalisation intensive, qui nécessitent un substrat d’une épaisseur supérieure ou égale à 15 cm. Les secondes doivent être dotées d’un système d’arrosage, contrairement aux premières.

Récapitulons les étapes à respecter lors de la réalisation d’une toiture-terrasse végétalisée :
- Respecter la pente et créer une structure (l’élément porteur peut être en bois, béton, etc.) ;
- Créer une étanchéité en posant le pare-vapeur et l’isolant ;
- Créer le drainage en posant une couche drainante (en argile expansée, pouzzolane…) et un voile anti-racines ;
- Ajouter le substrat choisi, léger et retenant l’eau ;
- Planter et mettre de l’engrais.
©DR