[N° 545] - Façades: Isolation thermique : contraintes et solutions

par Paul TURENNE
Affichages : 16063

Index de l'article

Fuites thermiques = addition salée + énergie gaspillée + dégradations du bâtiment. Engager une rénovation de la façade en l’isolant thermiquement  est sans conteste un plus, mais nécessite d’être bien pensée et bien réalisée, pour éviter tous surcoûts inutiles.

Murs froids, présence d’humidité et de moisissures, ou bien encore sensation de fraîcheur alors que le thermomètre indique 20°C ? Ne cherchez plus, votre copropriété souffre d’un défaut d’isolation.
Un phénomène particulièrement courant pour les constructions antérieures à 1974, où aucune obligation d’isoler n’était imposée.

Cette situation s’avère lourde de conséquence pour la planète, avec l’émission de quantité importante de gaz à effet de serre, mais aussi pour le porte monnaie, puisque les factures de chauffage s’envolent, sans compter les papiers peints et les enduits qui se décollent, les peintures qui s’écaillent. Bref, des appartements qui se dégradent et se dévaluent, principalement à cause de la condensation de la vapeur d’eau.
Dès lors, une seule solution durable s’impose : améliorer l’isolation. Si chaque copropriétaire est libre d’engager lui-même des travaux en isolant par l’intérieur, ce choix peut se révéler coûteux et peu efficace. En effet, cela impose de modifier l’implantation de l’électricité et du chauffage et rogne sur l’espace intérieur disponible.
Qui plus est, la continuité de l’isolation est très difficile à assurer dans les angles mur-sol, planchers et balcons, où la déperdition thermique reste particulièrement importante. Et même avec le nec plus ultra en matière d’isolation, si votre voisin n’a lui entamé aucune démarche en ce sens, le résultat restera moyennement concluant. La solution d’isolation par l’intérieur ne se justifie donc que s’il n’y a pas d’autre choix, ou en complément d’une isolation extérieure.

Isoler thermiquement la façade de la copropriété apparaît donc comme le meilleur choix pour réduire sensiblement les échanges de chaleur et de fraîcheur, et de fait, réduire d’autant les besoins en chauffage et en climatisation. Voilà qui est loin d’être négligeable en cette période de crise et de dérèglement climatique...

Cadre législatif

Mais mettre en place de tels travaux impose de prendre un minimum de précaution. L’isolation par l’extérieur modifiant, en général, l’aspect extérieur du bâtiment, une demande de permis de construire ou une déclaration de travaux est donc nécessaire. L’une et l’autre doivent être déposés en mairie et ont une validité de deux ans une fois acceptés.
Par ailleurs, la majorité absolue (article 25 de la loi de 1965) est requise pour entamer les travaux d’isolation de l’immeuble. Ceci est par ailleurs valable à la fois pour des travaux réalisés pour l’ensemble de la copropriété, mais également pour des travaux effectués par certains copropriétaires à leurs frais.

L’assemblée générale procède alors au vote concernant le choix de l’entreprise, le montant des travaux, leur date... sans toutefois se prononcer sur l’opportunité des travaux.

Si depuis novembre 2007, la réglementation thermique des bâtiments existants n’oblige pas les copropriétaires de logements construits avant le 1er septembre 2008 à réaliser des travaux
d’isolation, elle encadre néanmoins les travaux entrepris.
Le maître d’ouvrage se doit ainsi d’installer des produits de performance supérieure aux caractéristiques minimales mentionnées dans l’arrêté du 3 mai 2007.
Mais avant de commencer les travaux, il s’agit avant tout de connaître les points faibles de l’immeuble. Le diagnostic de performance énergétique (DPE) constitue alors un bon outil d’évaluad’évaluation grâce à la connaissance du niveau de consommation d’énergie du logement, ainsi qu’aux recommandations techniques pour améliorer son efficacité énergétique.

Des travaux efficaces

Quand mettre en oeuvre des travaux d’isolation extérieure ? Le mieux est encore de concevoir les travaux de rénovation de façon globale, plutôt que de réaliser des travaux par petits morceaux.  Cela permet ainsi de faire des économies d’échelle (coût de main d’œuvre) et de mettre en œuvre des techniques plus performantes.

Ainsi, si une copropriété envisage d’effectuer des travaux de ravalement de façade, il faut profiter de l’occasion pour rénover utilement et économiquement, en isolant de façon durable. La mise en place d’échafaudages représente notamment un coût important que l’on peut ensuite éviter si les travaux ont été regroupés.
Qui plus est, une façade mal isolée est bien plus sensible aux variations climatiques. Le gros-œuvre est ainsi soumis à des pénétrations de pluie, des variations importantes de variations saisonnières ainsi qu’au gel. Autant de contraintes hygrothermiques qui peuvent entraîner fissures, lézardes et endommager l’enduit de la façade du fait des alternances d’humidification et de séchage des maçonneries. L’isolation par l’extérieur permet donc de faire d’une pierre deux coups : un ravalement ainsi qu’une isolation durable et protectrice pour la façade.

Des contraintes à intégrer

Etablir un diagnostic pour la meilleure solution d’isolation, implique de prendre en compte l’année de construction du bâtiment, les matériaux de construction des façades et les éventuels matériaux d’isolation intérieure.
Il s’agit ensuite au vu de ces éléments de créer une barrière isolante. L’isolation par l’extérieur va ainsi permettre d’utiliser l’inertie thermique des murs extérieurs, et donc d’entraîner des variations moins rapides du climat intérieur des locaux, en limitant notamment les surchauffes en été.
En revanche, étant donné la surépaisseur engendrée à l’extérieur, des problèmes d’alignement doivent être résolus, par exemple au niveau des gouttières, des descentes d’eau ou des raccords avec les propriétés voisines ou publiques. Certains cas nécessitent même des travaux plus lourds.
Ainsi, pour des dormants de châssis trop fins, il faudra remplacer les châssis qui paraîtront plus enfoncés dans la façade ou tailler dans les maçonneries.
Ces contraintes ne sont pas à négliger et elles peuvent être rédhibitoires dans le cas de copropriétés classées, lorsque l’aspect extérieur doit rester inchangé avec des briques ou des pierres de caractère. Des solutions sont alors envisageables pour dénaturer a minima la façade, comme la mise en place de parements sur isolants, mais le coût sera bien plus élevé. Les décisions prises par les copropriétaires devront être d’autant plus mûrement réfléchies.

Le coût de l’isolation est de l’ordre de 20 % plus cher que le ravalement, mais les avantages fiscaux (crédit d’impôt) et diverses aides permettent de réaliser des économies non négligeables qui peuvent compenser la différence.
Etat des lieux.