[N° 612] - Isoler les combles de la copropriété

par Paul TURENNE
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Alors que plus de 30 % des déperditions thermiques dans l’habitat ont lieu par la toiture, l’isolation des combles s’avère primordiale pour limiter les pertes de chaleur et augmenter le confort. Le point sur les solutions techniques à mettre en œuvre en fonction des configurations.  
©DR

Quel que soit l'âge de l'immeuble, l'isolation des combles implique au préalable d’éliminer toute cause de désordre possible. D'où l'importance de vérifier l'état de la charpente, d'éventuelles fuites de couverture, une ventilation déficiente… Autant de points à traiter avant de procéder à l'amélioration de l'isolation. Ajouter ensuite des couches d'isolant tout en conservant l'existant quel qu'il soit, implique de vérifier que ce dernier recouvre bien la totalité du plafond et que son homogénéité soit préservée. Au-delà de la poussière présente en cas d'absence d'écran de sous-toiture et sans conséquence sur ses performances, l'isolant ne doit ainsi pas avoir été dégradé, que ce soit par écrasement – à la suite des interventions liées à l'entretien de la couverture ou de la VMC, par exemple –, soit à cause d'un défaut d'étanchéité à l'eau, soit encore à la pénétration de petits animaux (rongeurs ou insectes). Ce dernier cas de figure peut être observé si des grilles fines n'ont pas été posées sur les ouvertures de ventilation du comble, conformément aux règles de l'art (Document technique unifié DTU 40 - Couverture).

Par ailleurs, avant tout ajout d'isolant, la copropriété doit impérativement s'assurer, avec l'aide d'un professionnel, de la portance du plafond existant. Le poids maximal par mètre carré varie ainsi en fonction de la structure du plafond existant et de la largeur de l'entraxe. A titre d'exemple, un plafond sur ossature métallique à entraxe de 0,60 mètre supportera 6 kg d'isolant par mètre carré, contre 10 kg pour un entraxe à 0,50 mètre et 15 kg pour un entraxe de 0,40 mètre (selon le DTU 25.41).
Sans tenir compte de l'isolant existant, il sera par exemple possible sur un plafond posé sur ossature métallique à entraxe de 0,60 m de poser une laine de verre en vrac jusqu'à obtenir une excellente résistance de 10 m².K/W. En revanche, avec une laine de roche, l'entraxe de l'ossature devra être modifié à 0,50 m dès 28 cm posés. Autant d'exemples qui montrent la nécessité de faire appel à des professionnels reconnus, voire de consulter les avis techniques des isolants ainsi que leurs certificats Acermi (Association pour la certification des matériaux isolants) garantissant leur performance.
Si la ventilation s'effectue par les rives basses de la couverture, il convient, par ailleurs, de s'assurer que l'isolant ajouté ne vienne pas obstruer les orifices de ventilation ; mais aussi de prévoir l'ajout de déflecteurs le long des rives et 10 cm au dessus de l'épaisseur finale d'isolant, tel que décrit dans le Cahier de prescription technique (CPT) n° 3 693 disponible en PDF sur le site du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).

Plancher de comble perdu : veiller à l’étanchéité à l’air

DR © ALE de Montpellier
Dans le cas de combles perdus, la résistance thermique à obtenir doit être a minima R = 7 m².K/W.
Si le plancher est parfaitement étanche à l’air et que les combles sont bien ventilés, une membrane d’étanchéité à l’air n’est pas nécessaire. Pour des planchers en plâtre, en plaques de plâtre ou en béton, il convient toutefois de s’assurer que les gaines ou conduits qui le traverse ne laissent pas passer l’air, avec, par exemple, des manchons en périphérie des conduits ou des boîtiers étanches pour plafonniers. Les plaques de plâtre devront par ailleurs, le cas échéant, être parfaitement jointes avec les parois adjacentes, grâce à de la bande à joint, des joints mastic acrylique ou élastomère, selon la nature du support.
En revanche, dans le cas d’un plancher en bois – par définition peu ou pas étanche à l’air  –  une membrane pare-vapeur devra impérativement être mise en œuvre pour éviter l’accumulation d’humidité. Idem si l’habitation ne comporte pas de ventilation. Un pare-vapeur indépendant, continu sur l’ensemble de la surface et épousant les solives devra être posé.

A noter : l’isolation d’un plancher de comble perdu peut être réalisée à l’aide d’isolant en vrac soufflée – rapide à mettre en œuvre, particulièrement lorsque l’accès est limité –, ou bien d’épaisseurs superposées de plaques ou de rouleaux d’isolant. Si le premier lit d’isolant posé contre le plancher peut comporter un revêtement kraft contre le côté chauffé, les suivants doivent impérativement être “nus” pour assurer la respirabilité de l’ensemble. Les panneaux ou rouleaux doivent également être posés bord à bord, en suivant bien les bords du plancher pour assurer un calfeutrement optimal. De même, l’isolation doit remonter jusqu’à la panne sablière pour la recouvrir, sans pour autant obstruer d’éventuels orifices de ventilation en partie basse de toiture.

Pour la partie en soupente, pas de question à se poser : la mise en place d’un pare-vapeur – là-aussi indépendant et continu – est obligatoire. Il devra être posé du côté chauffé de la paroi. Dans le cas de l’utilisation de panneaux de laine minérale, une lame d’air ventilée sous liteaux de 2 cm au minimum devra être mise en place en tenant compte de l’éventuel reprise d’épaisseur de l’isolant, puis un pare-vapeur sur l’ensemble de la surface, enfin le parement intérieur. Afin que l’étanchéité à l’air des parois soit assurée, le pare-vapeur doit être étanché en périphérie grâce à un mastic d’étanchéité adapté. Les jonctions entre les lés de membrane, avec le contour des gaines traversant cette dernière – qu’il s’agisse de la ventilation, de l’électricité etc. –, et avec le pourtour des éventuelles ouvertures présentes en toiture doivent également être faites à l’aide d’adhésifs durables.

 

Petit rappel sur la conductivité thermique et la résistance
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La performance thermique d’un produit isolant, caractérisée par sa résistance thermique R, dépend de deux paramètres : sa conductivité thermique l et son épaisseur. Plus la conductivité d’un isolant est basse (lambda l ≤ 0,035 W/m.K), meilleures sont ses performances, d’où un gain d’espace habitable. Et pour cause : à résistance thermique équivalente, un lambda faible nécessite de poser une épaisseur moins importante par rapport à un isolant avec une conductivité “classique” de 0,040 W/m.K. Par exemple : pour obtenir une résistance de 8, avec une laine minérale au lambda de 0,040, il faudra prévoir une épaisseur de 320 mm. Mais 260 mm suffiront pour obtenir les même résultats, si le lambda est de 0,032.


Focus sur la laine minérale soufflée

Utilisée pour l’isolation des combles perdus peu ou pas accessibles, la technique du soufflage permet de projeter de l’isolant en flocons sur toute la surface, de manière homogène, rapide et efficace. Et ce grâce à une machine à souffler (cardeuse). Cette répartition plus homogène supprime ainsi les ponts thermiques et garantit une très bonne qualité de l’isolation. Le lambda des laines à souffler étant inférieur à celui des laines en rouleaux ou en panneaux, il convient toutefois de prévoir une épaisseur d’isolant d’au moins 330 mm pour obtenir une résistance thermique satisfaisante.

Performances thermiques de la laine de roche soufflée

Epaisseur
(mm)
 Epaisseur après
tassement (mm)
Résistance
thermique (m².K/W)
Pouvoir couvrant
(Kg/m²) 
Nombre de sacs
pour 100m²
225 225 5 4.9 25
250 248 5.5 5.35 27
275 270 6 5.85 30
295 293 6.5 6.35 32
320 315 7 (minimum recommandé) 6.85 34
340 338 7.5 7.3 37
365 360 8 7.8 39
385 383 8.5 8.3 42
410 405 9 8.75 44
430 428 9.5 9.25 47
455 450 10 9.75 49


Supafil, une laine non corrosive
Baptisée Supafil, la gamme de laine minérale du fabricant Knauf Insulation a été conçue pour ne générer aucune poussière, contrairement aux laines minérales classiques. Cette laine neutre ne participe pas à la corrosion des pièces métalliques, comme les charpentes métalliques en particulier.
Destinée à être soufflée, cette isolation en laine minérale qui se faufile dans les moindres espaces lacunaires et ne se dépose pas sur les éléments de la charpente du fait de ses propriétés antistatiques, garantit également une bonne performance isolante et une isolation acoustique optimisée. A titre d’exemple, elle permet de gagner jusqu’à 30 décibels si elle est soufflée dans des murs creux à double paroi.
Hydrophile et n’absorbant pas la vapeur d’eau comme des laines minérales classiques, Supafil n’est pas combustible et ne propage pas l’incendie. Et pour cause : elle est fabriquée à partir de verre recyclé (jusqu’à 70 %) et de sable. Un procédé de fabrication qui la rend inintéressante pour les rongeurs ou les insectes. Le tout sans adjuvant, sans liant et donc sans composé organique volatile.
Crédit DR © Knauf Insulations


Isolation thermique par l’extérieur : idéal pour les combles aménagés et la surélévation

Nature de l'isolant Épaisseur (mm) λ  (W/m.K) R (m².K/W) Prix
(€ au m²)
Laine de verre (rouleaux) 240 0.030 à 0.040 6,85 13,93
Laine de roche (panneaux) 120 0.033 à 0.040 3,6 21,48
Polystyrène extrudé XPS 260 0.029 à 0.035 7,4 47,92
Fibre de bois 240 0.038 à 0.060 6,26 33,51
Laine de mouton (rouleaux) 300 0.039 à 0.042 8,55 31,9
Textile recyclé 260 0.039 à 0.042 6,34 22,55
Polyuréthane
(+ plaque de plâtre)
140 0.021 à 0.028 6,09 52,9
Laine de chanvre
ou de lin
240 0.037 à 0.041 6,3 28,85
Liège expansé 240   6 79,94


Tout comme pour l’isolation par l’extérieur (ITE) des parois, l’ITE de la toiture présente l’avantage de renforcer notablement une isolation existante insuffisante, si ce n’est inexistante, tout en évitant les chantiers en intérieur. Pas besoin en effet de déposer les parements des rampants, ni de vider les combles. Mais surtout, elle permet de conserver toute la hauteur sous plafond au niveau des combles – et donc de précieux mètres carrés – dans le cas de combles aménagés. Toutefois, sa mise en œuvre impliquant de déposer le toit, mieux vaut la prévoir à l’occasion de la réfection totale d’une toiture pour réaliser des économies d’échelle. La structure du toit doit également être en mesure de  supporter le poids supplémentaire de panneaux isolants posés à l’extérieur. Les performances d’isolation seront par ailleurs excellentes si ces travaux sont couplés à une isolation en façade. Et pour cause : une isolation continue avec la paroi extérieure va permettre de supprimer les ponts thermiques, augmentant grandement l’efficacité énergétique de l’immeuble. Le niveau de technicité de ces travaux impose cependant de faire appel à un professionnel spécialisé qui s’adaptera aux spécificités de chaque toiture, sous peine de risquer de graves malfaçons.
Dans la mesure où chaque chantier est différent, le coût d’un aménagement de comble est difficile à évaluer précisément. En moyenne, il faut compter 600 euros par mètre carré sans surélévation et 900 euros par mètre carré avec surélévation, pour un délai d’exécution variant entre quatre et six mois. Attention, en cas de surélévation, un délai de recours de trois mois au permis de construire doit être obligatoirement prévu.

Quid des isolants minces ?
Isolants légers et de faible épaisseur allant de quelques millimètres à quelques centimètres, les isolants thermo-réflecteurs sont constitués d’une ou plusieurs couches d’aluminium assemblées entre elles et de couches intermédiaires de différentes natures : feutre, ouate, mousse, etc.  Résistant à l’humidité et aux rongeurs ou insectes, ils possèdent néanmoins une résistance phonique et thermique assez faible qui les cantonne aux rôles d’isolants d’appoint. Leur rôle sur la consommation d’énergie n’est pour autant pas à sous-estimer, en particulier dans les zones ventées où ils sont plus efficaces de ce point de vue que des isolants épais.

Crédit DR © Isover France


Pacte énergie solidarité : une aide pour isoler des combles perdus pour 1 €

Destiné à inciter les particuliers en situation de précarité énergétique à améliorer la performance thermique de leur logement, le pacte énergie solidarité permet de financer des travaux d’isolation des combles perdus pour… 1 € seulement. A l'origine de cette aide sous tutelle du ministre de l’écologie, Certinergy, société de conseil en certificats d’économie d’énergie (CEE) a mis au point le Pacte Energie Solidarité. Ce dispositif est financé par les fournisseurs d’énergie et de carburant, volontaires, en contrepartie des CEE reçus. De fait, 25 % des habitations françaises possèderaient des combles perdus non isolés ou non rénovés depuis 25 ans, selon l'Agence nationale de l'habitat (ANAH). Or, l’isolation de celles-ci permettrait de réaliser un gain énergétique de 25 à 30 %, d'après les chiffres de l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Soit 3 à 4 degrés supplémentaires en hiver, à puissance de chauffage égale.
Bien évidemment, pour pouvoir prétendre à cette aide des plus incitatives, les ménages doivent respecter certains critères d’éligibilité. A commencer par les revenus fiscaux du foyer. Ces derniers doivent ainsi être inférieurs ou égaux aux plafonds définis par l’ANAH, et justifiés par l'envoi d'une copie du ou des derniers avis d’imposition ou de non-imposition reçus.

Attention toutefois : le montant de 1€ ne vaut que pour les 70 premiers mètres carrés – le mètre carré supplémentaire étant facturé au prix toujours avantageux de 10 € TTC –, et la technique employée est obligatoirement celle du soufflage de laine minérale en flocon. Si les délais pour la réalisation des travaux sont très courts (3 heures environ pour 100 m² de combles isolés), l’attente pour la réalisation effective risque d’être un peu longue, au vu du tarif extrêmement bas pratiqué. Mieux vaut donc ne pas trop tarder pour monter le dossier.

Plafonds maxima pour prétendre au Pacte énergie solidarité en fonction du nombre de personnes composant le ménage*.

Nombre de personnes
composant le ménage  
 Habitation en province (€)    Habitation
 en Île-de-France (€)
1 18 332 24 094
2 26 811 35 362
3 32 242 42 471
4 37 669 49 592
5 43 117 56 733
Par personne supplémentaire 5 431 7 132

* Le montant des ressources à prendre en considération est la somme des revenus fiscaux de référence de l’ensemble des personnes occupant le logement ciblé. Par défaut, l’année de référence est l’année N-2, étant entendu que dans l’hypothèse où l’avis d’imposition N-1 est disponible, celui-ci pourra être transmis pour justifier l’éligibilité du ménage.

Plus d’infos et inscriptions via :
• le numéro vert CertiNergy : 0800 000 838
• le site internet : www.pacte-energie-solidarite.com/economisez-de-l-energie-en-isolant-vos-combles.php

Pour aller plus loin
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Un isolant fibreux ne doit jamais être comprimé car il va perdre de sa performance d’isolation thermique, l’air contenu dans ses fibres étant chassé. Par ailleurs, un tel isolant semi-rigide comprimé va chercher à reprendre son épaisseur et ainsi pousser sur le parement. Si ce dernier est constitué de plaques de plâtre, cela risque de provoquer soit un festonnage de celles-ci, soit la fissuration des joints de plaques.