Copropriété : Ma galaxie syndic

par Gilles Frémont, Directeur de copropriété
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Je suis syndic de copropriété.

Savoir gérer, c’est savoir s’entourer. A ma droite, je vous présente mes copropriétaires. A ma gauche, mes entreprises.

Je suis syndic de copropriété, avec vue d’ensemble en bas sur le tarmac, en haut dans la cabine de pilotage. Je suis partout : dépositaire des doléances et donneur d’ordre. Pivot central et chef d’orchestre, tout passe par moi.

Mais seul, je ne suis rien. Je ne suis que le maillon d’une chaîne, une chaîne humaine pétrie de talents et de savoir-faire.

Bienvenue dans ma galaxie syndic. 

Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 678 de mai 2022

Voici les entreprises enregistrées dans mes favoris. On vit ensemble.

Mon plombier… premier de la liste dans le répertoire. Je l’appelle plus souvent que ma femme. Pour les recherches de fuite, ma routine : joints fibre ou silicone, fontes entartrées, pompe à dégorger, lingettes, couches, brosses à dents. N’en jetez plus ! Dans certaines résidences, il vit à demeure et fait la bise au président.

Mon serrurier… je lui envoie des textos toute la journée : grooms à huiler, douilles à changer, vitres cassées, canons vandalisés, bips déprogrammés, clés à distribuer. Racks à vélos : j’ouvre une fabrique et je fais fortune. Mon courtier… pour les dégâts des eaux déclarés dix fois par jour. Imbroglio des conventions d’assureurs. Savent-ils eux-mêmes où ils en sont ? Telle est la question.

Mon peintre… mains blanchies, tee-shirt extra large, il vient après le dégât des eaux et m’accompagne parfois à l’expertise. Il défend son chiffrage et parlemente avec l’expert. «Dis donc, vous êtes cher au m2 ? - C’est normal, c’est forfait petite surface - Ah d’accord». Il préfère quand même les ravalements que l’on refait tous les trente ans, et les cages d’escaliers, tous les quinze ans.

Mon cordiste… Il a détrôné le couvreur. Tous corps d’état, il est jeune, beau et sportif, son ouvrier est freelance, car il est d’abord montagnard, surfeur et alpiniste. Il prend plein de jolies photos, j’adore ses rapports. «Non Madame, ce n’est pas une infiltration, c’est de la condensation, regardez les champignons». Le cordiste est aimable, c’est le gendre idéal.

Mon architecte… le mien porte le même trench-coat marron depuis vingt ans. Il vient pour les grandes opérations ou les petites occasions : fissures, effondrements de plafonds, désordres complexes et pathologies rares. «Docteur, mon immeuble est malade, voici les symptômes, prodiguez-nous le remède et faites-moi l’ordonnance».

Mon avocat… mon monsieur “recouvrement de charges”. Il dégaine les mises en demeure plus vite que son ombre pour les petits écarts des copropriétaires, le coup de massue dans le mur porteur, les canisses bambous au balcon, la petite location touristique ni vue ni connue. L’avocat a un beau costume, une cravate saillante et des chaussures à bout pointu. Élégant et distingué, je l’appelle mon cher Maître.

Et puis il y a tous les autres, pas loin des favoris, assurément dans le top 50. Mon menuisier, mon métallier, mon électricien, mon thermicien, mon étancheur, mon carreleur, mon miroitier et mon agent de sécurité, le SAV du promoteur. Je n’oublie pas mon chauffagiste, mes fumistes et puis mon ascensoriste, quand je l’appelle c’est que j’ai un problème… Mon diagnostiqueur et mon dératiseur, avec son raticide écolo et inoffensif, mon généalogiste et mon épaviste. Il y a aussi mon géomètre, ses plans colorés et ses beaux tableaux. Enfin, j’ai trouvé mon notaire, il rédige tous mes modificatifs avec aisance et diligence…celui-là je le garde à vie. Une étoile de plus dans ma galaxie.

 

Gilles Fremont

Gilles Frémont, directeur copropriété