La question revient régulièrement, chaque fois que la profession est mise en cause pour ses pratiques ou qu’elle cherche à redorer son image. En 2010, l’affaire Urbania a, par effets tectoniques, abouti à la création du CNTGI et sa commission de contrôle. Son champ de compétences dépassait le seul métier de syndic, pour englober tous ceux de la loi «Hoguet». Beaucoup y avaient vu un succédané d’Ordre professionnel, mais en dehors de la création d’un Code de déontologie, cela n’a pas été plus loin. En effet, le pouvoir de sanction de la commission de contrôle a été fortement émoussé par la loi ELAN et le gouvernement n’a toujours pas été capable de la constituer, enlisé dans des querelles de chapelles…
Dans un rapport sur l’avenir du métier de syndic, adopté le 3 juillet par le Conseil national de l’habitat, la question est remise à l’ordre du jour, comme un des moyens de répondre aux attentes de plus de discipline professionnelle, non seulement du public, mais des syndics eux-mêmes. Selon le rapport, un Ordre présente plusieurs atouts : il permet l’autorégulation d’une profession, veille au respect des règles déontologiques et éthiques édictées pour la profession, dispose d’un pouvoir disciplinaire et de sanctions et a la responsabilité du contrôle du suivi des formations. Aucune décision relative à l’organisation de la profession ne peut être prise sans son information préalable, au prix d’une procédure de concertation.
On sait que les fédérations professionnelles sont par nature hostiles à ce qui pourrait remettre en cause leur existence. Le sursaut qu’avaient constitué les «États généraux» et le livre blanc de 2012 avait réussi à en éloigner la perspective. Mais de nombreuses voix soutiennent l’idée. Parmi celles-ci, celle de l’Association nationale des gestionnaires de copropriété (ANGC), dont les membres y sont favorables à 95 % ! Principal argument avancé : dans un Ordre, les professionnels sont jugés par leurs pairs les associations de consommateurs n’y ayant pas leur place contrairement au CNTGI...
Mais alors que la profession est déjà rétive à se soumettre aux contraintes de certifications de services, imagine-t-on qu’elle accepte celles d’un Ordre comme celui des notaires ou des géomètres-experts ? Combien de syndics sont prêts à se faire auditer par des confrères ? Quant aux grands groupes, discrets sur le sujet, l’idée de voir une agence de Foncia ou Citya auditée par un petit syndic ne relève-telle pas de la science-fiction ? …