L a profession de syndic est récente : issue de celle des administrateurs de biens, elle s’est développée à partir des années 50 et 60.
Un modèle d’organisation s’est imposé comme une évidence, qu’on retrouve par osmose culturelle jusque chez les nouveaux entrants : des binômes gestionnaire-assistant(e) et un pool de comptables, ou des trinômes gestionnaire-assistant(e)-comptable.
Ce schéma fonctionne et peu tentent des variantes : les start-ups, «néo-syndics» ou grands groupes qui multiplient les services supports.
Le risque est d’affaiblir le rôle clé du gestionnaire à l’égard du conseil syndical et des copropriétaires, voire de le déresponsabiliser.
Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 708 de mai 2025
Le gestionnaire est, pour le syndicat, son dirigeant responsable. Peut-on imaginer qu’il se présente en assemblée sans être capable d’expliquer les comptes annuels et dresser un état exact des travaux en cours, du recouvrement, des sinistres, voire de l’état de l’immeuble ? Alors qu’il doit être en quelque sorte le petit «chef d’entreprise» du syndicat face à son assemblée d’actionnaires...
L’organisation actuelle dilue ce rôle dans la mesure où chaque binôme ou trinôme est chargé de plusieurs dizaines de copropriétés, parfois jusqu’à 50 ! Le gestionnaire court constamment d’un immeuble et d’une réunion à l’autre. Il gère tout juste le courant, se met à la remorque des conseils syndicaux et évite les sujets qui fâchent.
Les nouvelles technologies n’ont pas encore affecté l’organisation traditionnelle alors qu’elles permettraient de s’en affranchir et d’avoir des gestionnaires plus disponibles et mieux formés, parce que chargés de beaucoup moins d’immeubles : des gestionnaires «stratèges», qui font si cruellement défaut ! L’automatisation des flux de traitement des dépenses et des encaissements diminue en effet le besoin de comptables, celle des tâches relatives aux assemblées générales et les outils logiciels «nomades» permettent de transformer les assistants. A noter qu’il s’agit aujourd’hui à 95 % d’assistantes en raison de la persistance des anciennes répartitions de tâches. Une telle transition requiert certes un important investissement dans le numérique, mais aussi dans la formation. Elle permettrait en revanche un enrichissement général des postes de travail et une meilleure qualité de vie des équipes, aujourd’hui souvent en souffrance.
Alain Papadopoulos, Secrétaire général de l’Association QualiSR