Copropriété : Chauffage, les clés pour bien choisir son énergie

par Paul TURENNE, rédacteur
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Copropriété ) chauffageFioul, gaz, bois… Quels sont les différents moyens utilisables pour se chauffer et avec quelles technologies ? Quid des nouveautés et des perspectives à court ou moyen terme ? État de lieux pour tout savoir (ou presque) sur le chauffage en copropriété.

Dans le neuf, tout type de chauffage ou presque peut être installé car la configuration va être pensée de manière globale. Mais en rénovation, il en est bien sûr tout autre du fait des contraintes propres au logement avec lesquelles il faut composer : manque de place, réseaux inadaptés ou inexistants, impossibilité de stocker la matière première combustible... Nombreux sont les écueils qui limitent les possibilités.

Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 671 de septembre 2021

©HargassnerChauffage au fuel : à remplacer

Elle était initialement annoncée pour le 1er janvier 2022 : l’interdiction des chaudières au fioul a finalement été repoussée de six mois par Barbara Pompili, ministre de la Transition énergétique. L’annonce a été faite discrètement, le 3 juin dernier, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en attendant un décret qui concernera le neuf comme l’ancien.

Toutefois, «le texte prévoit des possibilités de dérogations pour certains cas puisqu’il peut arriver qu’il y ait des difficultés, des impossibilités techniques ou des coûts excessifs», a précisé la ministre.  Entendez par là, en zone rurale en particulier, où l’accès au gaz de ville peut s’avérer complexe, si ce n’est impossible, avec un débit d’électricité limité. Pour tous ces cas de figure, l’interdiction des chaudières au fioul à la mi-2022 ne s’appliquera pas.

Quoi qu’il en soit, le message est clair, les jours du chauffage au fioul, énergie polluante s’il en est, sont comptés ! Bien évidemment, cette mesure ne concerne pas les chaudières existantes. Les chauffagistes conservent ainsi toute latitude pour poursuivre leur entretien et effectuer des réparations en cas de besoin. Sauf panne majeure, nul besoin de les remplacer donc.

Cependant, la question se pose pour un équipement vieillissant où il pourra être avantageux de changer de mode de chauffage. Car si le fioul offre un vrai confort thermique et de bonnes performances de chauffe, il génère de la pollution et entraîne un coût élevé, qu’il s’agisse de l’entretien de la chaudière ou de l’achat du combustible. Dans le cadre d’une rénovation énergétique, cette option polluante et peu écologique, n’est donc clairement pas recommandée.

 

©ÖkofenChauffage au bois : atouts hors des villes

Idéal pour remplacer un chauffage central au fioul, le bois énergie est un combustible qui offre de nombreux avantages. A commencer par son prix compétitif et surtout stable, du fait de la production locale et de ressources relativement riches. En outre, il s’agit d’une énergie renouvelable et écologique par rapport aux énergies fossiles.

En revanche, le bois-énergie impose de disposer d’un lieu de stockage suffisamment grand pour les granulés, et d’un approvisionnement fiable. Les chaudières 100 % bois seront ainsi adaptées aux petites copropriétés ayant besoin d’une puissance inférieure à 200 kW. Au-delà, mieux vaut s’acheminer vers une installation mixte qui combinera les avantages des différentes solutions, type bois-gaz.

 

Chauffage au gaz : bon rapport qualité/prix

Énergie la plus utilisée en France pour se chauffer, le gaz possède de sérieux atouts : bon rendement, pollution moindre qu’avec le fioul, coût relativement contenu, excellente disponibilité de la ressource. De fait, le gaz est très utilisé en copropriété, cette énergie représentant 70 % de la totalité du chauffage collectif. Pour autant, le gaz reste une énergie fossile, par définition émettrice de CO2 et soumise aux fluctuations du marché des matières premières. En clair si l’offre diminue et si la demande augmente, les prix s’envolent !

Reste que les fabricants ont effectué d’importants progrès au niveau des chaudières dites très hautes performances énergétiques à condensation. De quoi nettement réduire les factures et les émissions globales de polluants… sous réserve de réaliser un entretien rigoureux des installations.

Le législateur ne s’y est d’ailleurs pas trompé et prévoit des aides financières non négligeables, sous conditions de ressources, pour les projets de rénovation thermique faisant appel à des installations de chauffage au gaz performantes.

 

copropriété - tuyau cuivre Chaudière à condensation THPE : quézaco ?

Une chaudière à très haute performance énergétique (THPE) va non seulement récupérer la chaleur issue de la combustion du gaz naturel comme le ferait une chaudière traditionnelle, mais elle va aussi faire passer l’eau issue de la combustion sous forme de vapeur à l’état liquide. Ce faisant, le système va capter l’énergie qui se dégage lors de toute condensation de vapeur en récupérant la vapeur d’eau rejetée pour préchauffer l’eau de la chaudière. Ce système vertueux permet d’importantes économies de combustible, de l’ordre de 15 à 20 % d’énergie en moins qu’une chaudière standard. Avec toutefois un inconvénient de taille : la très forte acidité des produits de condensation rejetés.

Ces derniers doivent ainsi être éliminés via un raccordement au réseau des eaux usées. Mais, au préalable, neutralisés sous peine de risquer d’endommager les canalisations. Sans compter la potentielle pollution de l’environnement, a fortiori dans le cas d’un rejet dans une fosse septique.

Pour ce faire, il suffit d’ajouter un “neutraliseur” de condensats en sortie de la chaudière à condensation. L’eau acide qui s’en écoule va alors traverser un petit réservoir contenant des granulés composés de calcaire (carbonate de calcium ou de magnésium). Le pH de l’eau, autour de 3 pour une chaudière gaz à condensation, va alors remonter pour atteindre 6 à 8, comme pour de l’eau classique.

 

À noter.- Certaines chaudières gaz à condensation haut de gamme possèdent une sonde qui permet de réguler automatiquement la combustion sans intervention de tiers. Ainsi, la chaudière s’adapte automatiquement au type de gaz injecté et détecte les différences concernant sa qualité ou les fluctuations dans le réseau. De quoi assurer un brûlage optimal sans aucune intervention manuelle.

Le fabricant Viessmann a par exemple développé sur ces chaudières gaz à condensation auto-adaptatives un brûleur baptisé “MatriX-Plus” s’adaptant en permanence à la demande réelle de production de chaleur avec une large plage de modulation. Cette adaptation constante de la stabilité de la flamme assure ainsi, d’une part, un minimum de cycles du brûleur et, d’autre part, permet d’obtenir un rendement normalisé élevé (jusqu’à 98 % sur PCS - voir encadré page précédente). A la clé, une réduction de la consommation de gaz et des émissions de CO2 pour ses chaudières «très haute performance énergétique».

 

De l’efficacité énergétique saisonnière d’une chaudière

Pour déterminer le niveau de performance d’une chaudière, il convient de contrôler deux indicateurs. Le rendement, le plus connu, indique ses performances dès lors que le brûleur est en état de fonctionnement. Le second, l’efficacité énergétique saisonnière ou ETAS, s’avère moins connu mais il est tout aussi, si ce n’est plus, intéressant. Il prend en effet en compte le rendement de la chaudière durant tout son cycle de chauffe. Y compris lorsque le brûleur n’est pas actif que la chaudière soit en veille ou arrêtée. L’ETAS est donc plus représentatif des conditions réelles d’utilisation de l’appareil. Dans les deux cas, plus le pourcentage est élevé, meilleures seront les économies d’énergie réalisées.

 

copropriété - pompe à chaleurSystèmes hybrides au service des économies d’énergie

La quasi-totalité des fabricants de chaudière misent sur la flexibilité, à l’image de Hoval, avec sa chaudière sol gaz “UltraGas 2”. Elle peut ainsi être facilement combinée avec tout type de générateur de chaleur. La régulation connectable qui équipe l’ensemble de la gamme facilite en effet l’intégration d’une pompe à chaleur, d’un module de cogénération ou bien de panneaux solaires thermiques et garantit le bon fonctionnement global du système. Idéal, en particulier, pour la rénovation de chaufferie d’immeubles résidentiels collectifs.

 

Hydrogène : le futur du chauffage ?

Viessmann développe actuellement des chaudières “simple service” pouvant fonctionner à l’hydrogène. Passant aisément à un fonctionnement au gaz naturel, elles possèdent un rendement élevé et sans aucune émission de CO2/CO lors d’un fonctionnement à l’hydrogène. Si pour l’heure, cette technologie reste encore précoce, les chaudières gaz à condensation “H2-ready” peuvent dès maintenant transformer efficacement en chaleur jusqu’à 30 % d’hydrogène dans le gaz naturel grâce à la régulation de combustion “Lambda Pro”. Plus concrètement, grâce à de l’électricité renouvelable, l’électrolyseur produit de l’hydrogène (H2) et de l’oxygène (O2) à partir d’eau (H2O). Du fait de leur combustion hautement performante, les chaudières “H2-ready” génèrent de l’eau, en complément de la chaleur destinée au chauffage, bouclant ainsi la boucle. Un plus certain dans un avenir proche.

De quoi atteindre des certifications A, voire A+ lors d’un raccordement avec une installation solaire ou en combinaison avec un système de réglage individuel des pièces.

 

copropriété - ©viessmann

 

Copropriété - chaudière à condensation pilitableVers plus de connectivité

Les systèmes de chauffage de dernière génération peuvent être équipés d’un réseau Wi-Fi interne simplifiant la mise en service de l’appareil qui nécessite uniquement un smartphone avec une application dédiée téléchargeable sur iOS ou Android.

Des outils de commande centralisée, permettent de surveiller l’ensemble des installations à distance de n’importe quel endroit et de n’importe quel appareil. Lors d’un dysfonctionnement ou d’une maintenance programmée, toutes les données requises de l’installation sont transmises au prestataire technique ce qui permet de faciliter l’entretien. Du reste, les défauts éventuels peuvent être détectés et éliminés en amont, de petites interventions de maintenance pouvant même être effectuées en l’absence des occupants.

 

Chauffage à l’électricité : dans certains cas seulement

Voilà bien longtemps que le chauffage électrique ne s’apparente plus à des convecteurs type «grille-pain» énergivores et inefficaces sous des fenêtres pour barrer l’air froid. Pour autant, l’électrique est-il une solution viable pour se chauffer, alors que les factures d’électricité ne cessent de s’envoler et que la tendance ne va pas aller en s’améliorant ? S’il possède le gros avantage de ne pas nécessiter d’espace de stockage pour l’énergie, ce mode de chauffage revient cher. Il ne peut se justifier qu’au sein de logements disposant d’une bonne isolation thermique (neuf ou ancien bien rénové), faute de quoi les déperditions entraîneront une consommation électrique très importante.

Ce postulat de départ posé, quelles solutions peuvent être mises en œuvre ? S’agissant des radiateurs tout d’abord, il convient de privilégier ceux à inertie ou à panneaux rayonnants, plus performants et moins énergivores que des radiateurs à convection. Bien évidemment, la présence d’un système de régulation sur ces émetteurs électriques constitue un plus certain pour optimiser la consommation et la température de chauffe avec une grande précision.

Mais au-delà des émetteurs électriques, partie émergée de l’iceberg, un chauffage collectif électrique vraiment efficient se fera forcément par des sols, voire des plafonds chauffants, installés dans chaque logement. Si le chauffage au sol nouvelle technologie équipe de plus en plus de logements BBC neufs, ce type d’installation s’avère quasi-systématiquement inadapté en rénovation. En cause, les lourds travaux de réfection que cela implique et qui font exploser les coûts, indépendamment de la gêne occasionnée en milieu occupé.

 

Mise en concurrence : la clé pour économiser

Alors que le chauffage collectif constitue le premier poste de dépenses en copropriété, la diminution des charges, passe, au-delà de l’amélioration de l’isolation du bâti et du bon entretien technique, par une mise en concurrence. Ainsi, la livraison en direct après avoir comparé les offres de plusieurs fournisseurs permet bien souvent une économie de plusieurs milliers d’euros par an.

Un contrat de fourniture de combustible peut, en outre, être renégocié avant l’échéance d’un autre en cours, avec application des tarifs à un instant T. Idéal si ces derniers sont négociés au bon moment.

Mieux vaut négocier des contrats de base d’exploitation et de maintenance de chauffage collectif prévoyant une astreinte avec une garantie d’intervention 7 jours sur 7. Au-delà d’un certain nombre d’heures consécutives sans chauffage, la prestation sera ainsi considérée comme non exécutée, et le prestataire devra s’acquitter d’une pénalité.