[N° 567] - Copropriété : maîtriser et répartir les charges d’eau - Régler le problème des distorsions entre compteurs

par Paul TURENNE
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Régler le problème des distorsions entre compteurs

Avant toute chose, il convient ainsi de comparer l’écart entre la consommation d’eau indiquée par le compteur général et la somme de tous les compteurs divisionnaires. Car entre les espaces verts, les robinets dans les caves, les points de puisage non comptabilisés, les fuites non détectées sur des réseaux corrodés ou les vannes défectueuses, les écarts peuvent s’envoler avec des pourcentages pouvant aller jusqu’à 30 %. Dans tous les cas, au delà de 5 à 7 %, il y a lieu d’agir et de mettre en évidence les sources de ces distorsions.
En ce qui concerne l’eau chaude, les consommations peuvent également diminuer de façon significative année après année, les compteurs  divisionnaires ayant tendance à sous-compter, voire à se bloquer au fil des ans, notamment pour les compteurs dotés de plastique, avec un fort coefficient de dilatation. Une dérive qui modifie, par ailleurs, les consommations observées de chauffage car elles sont alors soustraites aux consommations générales.
Dès lors que la consommation individuelle dans les logements est connue, il convient ensuite de sensibiliser les occupants à ce que doit être leur consommation normale. «Il existe des niveaux moyens de consommation journalière en France de 80 à 130 m3 en moyenne sur une année, qui sont fonction de la superficie de chaque logement,» rappelle Gilles Gaillot. «Le nombre d’occupants étant assez stables en copropriété, cela permet de détecter des anomalies dues, soit à des fuites, soit à un mode de consommation anormale.» D’où l’avantage pour la copropriété de bénéficier de compteurs «communiquants» qui permettent de dresser un observatoire des consommations de l’immeuble avec les logements les plus consommateurs et les plus économes. De quoi se situer par rapport aux extrêmes et donc, in fine, inciter à moins ouvrir le robinet. Dans la même optique, Veolia Habitat Services propose en option l’édition de quittances individuelles d’eau, afin que le montant de la consommation de chaque occupant soit valorisé et présenté en euro.
«L’objectif premier du comptage est de répartir équitablement les charges, pas de faire baisser la consommation, même si cela est possible», estime pour sa part Philippe Loiselet, directeur général de la société d’administration de biens Loiselet et Daigremont. De fait, l’incidence n’est pas toujours évidente : «Nous avions demandé au professeur Michel Mouillart [professeur d’économie à l’université Paris-X-Nanterre ndlr], de se pencher sur une étude statistique mentionnant les consommations d’eau et le nombre de logements sur 1 000 immeubles, afin de déterminer lesquels avaient mis en place un comptage individuel. Or celui-ci n’a pu mettre en évidence un «effet compteur».» Preuve que, faute de sensibilisation efficace, une installation de comptage individuel, aussi performante soit elle, n’aura qu’un effet limité.