Ératosthène fut le premier à avoir offert aux hommes une mesure du monde. Au XVIIIe, les grandes expéditions au Pérou et en Laponie, puis la mesure du méridien entre Dunkerque et Barcelone ont largement amélioré ce premier modèle et ont défini un étalon universel, le mètre. Toutes ces découvertes reposent sur un même principe : d’un point A, il fallait mesurer la longueur du parcours jusqu’à un point B afin de disposer d’informations relatives à la taille et à la forme de la terre.
Le praticien arpente lui aussi les espaces ou les immeubles afin d’en faire une représentation sur un plan. Si au fil du temps, les moyens techniques ont évolué, le principe reste le même, pour mesurer une distance entre deux points, il faut la parcourir.
Le technicien est donc confronté à une double difficulté : l’accès à l’objet mesuré et la pertinence de ses choix qui peuvent altérer la qualité de la représentation. Mais ces concepts sont maintenant dépassés.
Depuis le déploiement de la mesure par satellites, le référentiel n’est plus terrestre, mais spatial. Chaque point du globe peut être instantanément géoréférencé, indépendamment de toute observations de rattachement en surface. Deux points peuvent être mesurés avec une extrême précision sans avoir besoin de parcourir la distance qui les sépare.
Plus récemment, le développement de la scannergraphie 3D révolutionne le principe même de la mesure. Il n’y a plus à choisir les points à mesurer, le scanner capte une scène dans les trois dimensions de l’espace pour obtenir une mesure complète et exhaustive du bâtiment.
La représentation de l’objet est elle aussi modernisée. Jusqu’à nos jours l’immeuble était représenté par une série de lignes ou de courbes symbolisant ses composantes.
L’ordinateur a permis de s’affranchir de l’échelle de représentation, mais il n’a pas pour autant modifié la technique de représentation qui reste le plus souvent à deux dimensions.
C’est récemment que la représentation de l’objet mesuré a laissé la place à sa modélisation et il est maintenant possible de représenter un objet sous la forme d’une maquette numérique. Le nuage de points issu des mesures 3D va permettre de reconstituer l’immeuble par un assemblage de pièces numériques, murs, cloisons, portes ou fenêtres, qui seront reconnus en tant que tels et qui pourront contenir de surcroît des informations relatives à leurs caractéristiques propres, ou des données de nature juridique telles que la qualification des espaces. Cette maquette, pourra aussi être partagée avec différents intervenants pour être renseignée ou complétée au fil des études techniques pour constituer ce qu’il est maintenant courant d’appeler une maquette BIM.
Disparition du plan papier, mesure globale, modélisation objet en association avec les informations quantitatives et qualitatives de chaque composante du bâtiment, partage de l’information par le biais d’une maquette évolutive, autant de progrès incontestables dont l’immeuble en copropriété peux dès maintenant bénéficier.
Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 709 de juin 2025