Copropriété | Le métier de syndic est-il social ?

par Alain Papadopoulos, Secrétaire général de l’association QualiSR
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Alain Papadopoulos, auteur des Informations rapides de la copropriété

La loi du 9 avril 2024 a créé le concept de syndic d’intérêt collectif (SIC), en portant un regard insistant vers les bailleurs sociaux, afin de les inciter, s’ils exercent déjà l’activité de syndic, à aller vers les copropriétés en difficulté. Et s’ils ne l’exercent pas encore à la créer dans ce but ! Eux sont considérés en effet comme SIC de droit, alors que les syndics privés qui voudraient le devenir doivent obtenir un agrément préfectoral, avec un dossier à constituer – les textes réglementaires viennent d’être publiés – qui risque de refroidir plus d’un candidat…

D’autant qu’il est permis de se demander ce qui peut pousser un syndic privé à devenir SIC alors que la gestion d’une copropriété difficile coûte deux fois plus cher qu’une copropriété saine ? Il existe certes des aides de l’ANAH ou de l’ANRU mais elles ne sont pas acquises d’avance, loin de là !

De leur côté, les syndics HLM, dont il est tant attendu, s’attribuent volontiers le label de «syndic social» ou de «syndic solidaire», mais le métier de syndic étant très normé, le côté social ou solidaire se traduit essentiellement par des honoraires au plancher avec moins d’immeubles par gestionnaire avec une rentabilité faible voire négative –, et probablement, par culture, une attention plus grande aux difficultés de leurs copropriétaires. Bref des conditions d’exploitation, à quelques exceptions près, qui ne donnent pas plus envie à ces syndics qu’aux privés de se frotter aux copropriétés en difficulté !

Et pourtant, des syndics privés comme des syndics HLM ont fait l’investissement de former leurs équipes et d’obtenir la certification QualiSR pour aller sur ces copropriétés de manière sécurisée pour les acteurs locaux et les financeurs publics. Est-ce par vocation initiale ou se sont-ils retrouvés dans des copropriétés difficiles par hasard? Tous témoignent d’une grande motivation de leurs équipes dédiées à ces immeubles ! Et beaucoup affirment arriver à ne pas être déficitaires sur ces mandats. Ils seront en tous cas dans les semaines qui viennent les premiers à inaugurer ce nouveau statut de SIC. Signe peut-être une évolution du métier, le souhait de lui donner du sens, d’être socialement utile, de travailler en mode «projet» plutôt que statique, d’être un acteur dans sa ville, voire un relais d’actions de prévention et de requalification urbaine. On dit qu’une copropriété est une petite démocratie en réduction. Lui redonner vie quand elle est en perdition, quoi de plus noble pour un métier qui peine à retrouver de l’estime de soi ?