Enseigner, encadrer une équipe pédagogique de 40 professeurs, réformer et moderniser les parcours de formation, accompagner des antennes régionales, veiller sur les élèves... Gilles Godfrin, directeur des études de l’Institut de droit et d’économie appliqués à l’immobilier (ICH), se doit d’être partout.
Et depuis son entrée en 1992 dans cette auguste maison, l’envie de transmettre reste intacte. Portrait d’un passeur discret, à la sensibilité et à la curiosité infinies.
Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 707 d'avril 2025
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Voilà plus de trente ans que Gilles Godfrin œuvre à l’Institut de droit et d’économie appliqués à l’immobilier, plus connu sous le sigle «ICH». Une école fondée en 1960 au sein du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM).
«J’ai un grand attachement pour cet institut, qui, dans une logique de service public, dispense des formations immobilières uniques en leur genre, associant ambition universitaire et finalité opérationnelle, tout en combinant pluridisciplinarité et dominante juridique, des atouts majeurs pour l’exercice performant et sécurisé d’activités fortement réglementées», explique Gilles Godfrin de sa voix douce et réfléchie.
Mais fidélité ne rime pas avec immobilisme. En témoigne le parcours de ce doctorant en droit, ancien guide-conférencier à Metz, autant épris de la matière juridique que d’histoire, d’architecture et d’urbanisme.
De chargé de travaux dirigés, il est devenu maître de conférences, avant de prendre en 2016 la direction des études de l’ICH, où il continue à enseigner notamment la planification urbaine et le droit de la propriété immobilière. «Conjuguer les fonctions d’enseignant-chercheur et de directeur n’est pas de tout repos», reconnaît-il.
A fortiori quand il s’agit de piloter l’ICH de Paris, mais aussi de coordonner douze centres d’enseignement en région. «L’un de mes autres défis consiste à mettre devant les élèves des professionnels de l’immobilier à l’expertise éprouvée qui acceptent non seulement d’offrir un peu de leur temps précieux, mais aussi, depuis quelques années, d’animer leur cours en modalité «hybride», mêlant activités présentielles et distancielles», confie-t-il.
Signe de l’évolution des temps, cette école accueille désormais deux types d’élèves.
D’une part, le public traditionnel des adultes en formation continue : il s’agit de professionnels de l’immobilier cherchant à monter en compétences et à satisfaire à leur obligation de formation continue, ou encore des personnes souhaitant se reconvertir dans l’immobilier. «Ces actifs peuvent se former à la carte et à leur rythme, sans forcément viser l’obtention d’un diplôme, comme 20 % d’entre eux», relève Gilles Godfrin.
D’autre part, et c’est une nouveauté, des jeunes en alternance. «L’alternance se développe depuis quelques années, et c’est une évolution qu’il convient d’accompagner, tout en veillant à délivrer aux deux catégories d’élèves des diplômes de même niveau, et donc de même valeur pour les recruteurs», souligne son directeur.
Autre évolution, depuis la rentrée 2022, au diplôme d’établissement historique appelé «diplôme de l’ICH» s’est ajoutée une nouvelle offre de formation composée de diplômes nationaux de licence et de master en immobilier.
«Tous nos diplômes donnent droit à la délivrance de cartes professionnelles, dont celle de syndic de copropriété», tient-il à préciser.
Gilles Godfrin se dit également vigilant face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle, certains élèves n’hésitant pas à confier à des IA génératives le soin de rédiger leur mémoire de recherche, pour se dispenser d’un travail personnel d’investigation et de réflexion. Le résultat est d’ailleurs à ce jour peu convaincant : langage aseptisé, contenu superficiel et erreurs.
«Pour remédier à ces dérives, notre institut privilégie des sujets de mémoire pointus et inédits», explique l’enseignant. Une lutte qui ne fait que commencer pour ce pédagogue qui cite volontiers Plutarque : «Il faut inspirer à l’esprit une ardeur d’investigation qui le pousse vigoureusement à la recherche de la vérité».