Entretien : Thomas Renaudin, agence parisienne du climat

par YS
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Thomas Renaudin

«Il existe de nombreux dispositifs d’aides en ce moment»

«L’Agence parisienne du climat (APC) est une agence opérationnelle pour la mise en œuvre des plans climat de Paris et de la Métropole du Grand Paris.» L’Agence parisienne du climat, membre de France Rénov’, est le guichet unique d’informations et de conseils sur les questions de rénovation énergétique et d’économies d’énergie. Thomas Renaudin a pour mission de conseiller les copropriétaires et les syndics. 

Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 686 de mars 2023

Compte tenu de la crise de l’énergie, assistez-vous à une hausse du nombre de dossiers de rénovation énergétique ?

Le premier indicateur est le nombre d’inscriptions sur www.coachcopro.com, notre plateforme d’accompagnement des copropriétés vers la rénovation énergétique. En 2021 à Paris, le nombre d’inscrits avait déjà été multiplié par 2. En 2022, il a été multiplié à nouveau par 3,5 !  Ce sont 2 265 nouvelles copropriétés inscrites en un an à Paris. Nous le voyons aussi au nombre de DTG (diagnostic technique global) que nous accompagnons. Le DTG est généralement la première étape avant de lancer une rénovation. Il contient une analyse des travaux d’entretien à prévoir dans les années à venir, à laquelle on ajoute une étude détaillée des travaux d’économies d’énergies possibles. Historiquement, nous aidions 50 à 100 copropriétés par an à cette étape. En 2022, 264 copropriétés ont réalisé un DTG par un maître d’œuvre avec le suivi de l’Agence parisienne climat. La tendance de ce début 2023 reste à la hausse.

Cette accélération est d’abord venue de l’évolution de la législation sur les passoires thermiques et la crise énergétique. A cela s’ajoutent la prise de conscience autour de la situation climatique et la nécessité de réduire fortement notre empreinte écologique.  Le lancement du dispositif parisien Eco-rénovons Paris+ et la communication locale qui s’est intensifiée en fin d’année 2022 ont également eu un effet de boost sur ces inscriptions.

Quels sont les conseils de sobriété énergétique immédiats pour consommer moins ?

Être sobre, c’est adopter de nouveaux réflexes plus responsables et plus vertueux, qui permettent d’avoir un impact direct sur ses consommations, tout en préservant le confort dans son logement.

Concrètement, c’est prendre conscience de l’origine de ses consommations, pour savoir quels sont les gestes prioritaires à mettre en place. Le chauffage représente environ 70 % de la facture énergétique d’un logement, c’est donc le premier levier à actionner.

Cela se joue le matin, au moment de s’habiller. En empilant les couches, en mettant des charentaises ou un collant sous son pantalon, on s’accommode plus facilement d’une baisse de température. L’objectif, c’est 19 degrés pour tous. Dans un logement aux murs bien isolés, on coupe la sensation de paroi froide, et il est plus facile de vivre avec une température de 18° C, voire moins. C’est d’ailleurs la valeur retenue par la loi pour les immeubles construits après 2001. A l’inverse, sans isolation ou avec des courants d’air et de l’humidité, 19° C est moins facile à supporter. Ce qu’il faut retenir, c’est ce chiffre clé : 1 degré en moins, c’est 7 % d’économie d’énergie.

L’autre réflexe, c’est de réduire ou couper le chauffage dans les pièces qu’on n’utilise pas ou quand on s’absente. En copropriété, cela concerne aussi le chauffage des parties communes. L’installation d’un thermostat est particulièrement utile dans ce cas, car il permet de régler automatiquement la température des pièces en fonction de ses habitudes pour s’assurer un maximum de confort tout en faisant des économies.

Le deuxième levier est l’usage de l’eau chaude, qui pèse environ 30 % de la note énergétique. En prenant des douches plus rapides et moins souvent, on réduit sa consommation d’eau et d’énergie en même temps (une douche de 5 min, c’est 50 litres de d’eau alors qu’une douche de 15 min, c’est 150 litres d’eau).

Et quels sont les conseils d’efficacité énergétique pour consommer mieux ?

Dans un premier temps, il faut s’assurer que les équipements existants sont bien entretenus et réglés : désencombrer, purger et désembouer les radiateurs, vérifier le bon réglage de la chaudière, du réduit de nuit.

L’efficacité passe ensuite par des travaux plus importants : isolation des murs, installation de menuiseries performantes, amélioration de la ventilation et du système de chauffage. Tous ces travaux sont plus efficaces et plus économiques quand ils sont réalisés ensemble dans ce qu’on appelle une rénovation globale. La réalisation d’un DTG est donc à mettre à l’ordre du jour de l’assemblée générale rapidement ; il permettra d’identifier les travaux possibles et prioritaires. Il existe de nombreux dispositifs d’aides financières et d’accompagnement en ce moment. Il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès de votre Espace France Rénov’. Celui-ci propose un service neutre, gratuit et indépendant pour vous donner toutes les informations et vous permettre de prendre une décision éclairée.

Quels messages donneriez-vous aux (rares) copropriétés tentées de conserver leur chaufferie fuel voire de choisir le propane en raison de la volatilité des prix ?

D’un point de vue financier, le meilleur moyen de se protéger des variations de prix, c’est bien de réduire sa consommation. Ainsi la première question que doit se poser le syndic ou le conseil syndical, c’est “peut-on réduire la consommation ?”, c’est à dire isoler les murs et toitures, changer les fenêtres, optimiser la distribution de la chaleur, etc. Sur les copropriétés qui n’ont pas de murs mitoyens et aucune isolation, on peut envisager de réduire les consommations de 30 à 50 %, voire plus. Depuis 1er juillet 2022, les équipements neufs installés pour le chauffage ou la production d’eau chaude
dans les bâtiments d’habitation ou à usage professionnel, neufs ou existants, devront respecter un plafond d’émissions de gaz à effet de serre de 300 gCO
2eq/kWh PCI. Cette disposition règlementaire rend plus difficile l’installation d’une nouvelle chaudière au fioul, voire d’autres sources d’énergie fossiles très polluantes. Les copropriétés peuvent se diriger vers le raccordement à un réseau de chaleur, s’il en existe un à proximité, ou l’installation d’une pompe à chaleur (par exemple, géothermique ou air/eau). Les énergies renouvelables ont du potentiel. Le principe est de récupérer une énergie disponible gratuitement. Cela les rend nettement plus fiable économiquement vis-à-vis des lois du marché.

©Peter Allan