Entretien : Guillaume Privat, chargé de mission à l’Agence Parisienne du Climat

par YS
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Guillaume PrivatBORNES ÉLECTRIQUES

«Dissocier le coût de l’infrastructure de celui de la borne de recharge»

En raison du développement rapide du nombre de véhicules électriques dans les centres urbains, de nombreuses copropriétés sont saisies par des copropriétaires voire des locataires, de demandes d’installation de bornes électriques dans les parkings.

Nous avons interrogé Guillaume Privat, chargé de mission à l’Agence Parisienne du Climat (APC) qui a récemment mené une étude sur les infrastructures de recharge pour véhicule électrique (IRVE) en partenariat avec la ville de Paris et ENEDIS.

La vocation de l’Agence Parisienne du Climat, agence opérationnelle pour la transition écologique, est notamment d’accompagner les particuliers sur les sujets de rénovation et de mobilité en région parisienne.

Article paru dans les Informations Rapides de la Copropriété numéro 666 de mars 2021 

Quel schéma d’équipement des parkings préconisez-vous (individuel et/ou collectif, type de bornes) ?

Aujourd’hui, les copropriétaires et les locataires peuvent faire jouer leur droit à la prise. Cela peut être utile dans les copropriétés où le sujet de la recharge électrique provoque une inertie. À l’Agence Parisienne du Climat, nous préconisons l’installation d’un équipement collectif pour anticiper le besoin de recharges. Dès lors, l’infrastructure permet à chacun d’installer une borne de recharge, dans un futur plus ou moins proche, sur l’emplacement de parking qu’il occupe, quel que soit son statut d’occupation. Plusieurs raccordements et infrastructures sont possibles, mais nous ne préconisons pas de raccordement type. Selon le choix d’infrastructure retenu par les copropriétaires, la propriété, la gestion de la recharge et la répartition des frais se feront différemment.

Notre rôle est d’accompagner les copropriétaires pour faire mûrir les projets, leur transmettre une information claire et indépendante et arriver à terme à un projet collectif. Pour les aider, les copropriétaires peuvent réaliser une étude préalable qui déterminera les solutions techniques disponibles et qui dressera les avantages et les inconvénients de chacune. Chaque copropriété est un cas particulier.

La réflexion est la même en ce qui concerne les bornes de recharge, d’autant plus que c’est un équipement individuel, à l’exception des bornes à usage partagé dont la copropriété serait propriétaire.

 

Avez-vous entrepris des actions particulières de promotion-sensibilisation à l’égard des syndics ?

Nous (…) accompagnons les syndics et gestionnaires de copropriétés parisiennes dans les projets d’installation d’Infrastructure de Recharge pour les Véhicules Électriques. Cet accompagnement se fait de la même façon que pour les copropriétaires et dans une volonté d’associer l’ensemble des acteurs de la copropriété. Ces actions de mobilisation, de conseil et d’accompagnement s’articulent autour du dispositif “CoachCopro” .

Cette plateforme permet aux copropriétaires et aux syndics d’être accompagnés par un conseiller tout au long de leur projet ,à tout moment de la réflexion.

 

Quels sont les coûts d’un équipement ?

Il faut bien dissocier le coût de l’infrastructure électrique collective, financée par la copropriété, de celui de la borne de recharge, financé par l’utilisateur du véhicule électrique. Ce sont des ordres de grandeurs à titre indicatif, qui vont varier selon la complexité du projet et le type d’installation mis en place.

Pour l’infrastructure électrique, nous constatons, à ce jour et à Paris, un coût de l’ordre de 150 € par place de stationnement, aides financières comprises.

Pour la borne de recharge, le coût varie selon le type de borne et sa puissance. Pour une borne dite de «charge standard», d’une puissance de 7 kVa, l’ordre de grandeur du coût varie entre 1 000 à 1 500 €.

Au niveau individuel, les frais peuvent varier selon la borne, mais aussi selon le modèle d’infrastructure choisi, qui nécessitera plus ou moins d’équipements, répartis soit sur l’infrastructure collective, soit sur la partie individuelle.

Il est donc nécessaire de prendre en compte toutes les possibilités pour avoir connaissance de tous les frais de ce type d’infrastructure et d’équipement.

 

Existe-il des aides financières pour l’équipement des parkings des immeubles gérés en copropriété ?

Des aides financières existent. Elles concernent autant les bornes que l’infrastructure électrique. Au niveau national, le programme ADVENIR distribue ces deux types d’aides. A Paris, la Ville fournit des aides similaires également. Concernant l’installation d’une infrastructure électrique pour alimenter les bornes de recharge, les aides sont les suivantes :

- Programme ADVENIR : 50 % du coût de l’infrastructure collective. Plafonné à 4 000 € TTC jusqu’à cinquante places, augmenté de 75 € par place supplémentaire au-delà de 50 places, et dans la limite de 15 000 € au total par copropriété. Cette aide est conditionnée à l’installation d’au moins une borne et est cumulable avec d’autres aides locales existantes dans la limite de 80 % du coût total.

- Ville de Paris : une aide pour un pré-équipement électrique de 50 % du montant HT des travaux (4 000 € maximum) est octroyée aux syndics et bailleurs sociaux désirant installer une borne de recharge ou bien rénover une colonne montante pour véhicules électriques ou hybrides dans leur parking.

 

Concernant les bornes de recharges, les aides pour l’usage individuel sont les suivantes :

- au titre du programme ADVENIR : un particulier disposant d’une place dans un parking ou un propriétaire privé peut obtenir une aide de 50 % du coût avec un plafond de 960 €. La borne doit intégrer un pilotage énergétique.

- un crédit d’impôt pour l’achat d’une borne de recharge et son installation : pour les dépenses effectuées depuis le 1er janvier 2021 et jusqu’au 31 décembre 2023, le dispositif du crédit d’impôt est maintenu, quel que soit votre niveau de revenu. Ce crédit est à la hauteur de 75 % du prix de l’équipement, dans la limite de 300 € (frais de pose inclus) par système de charge et limité à un seul équipement pour une personne seule et à deux bornes pour un couple. Le dispositif concerne désormais non seulement les installations dans une résidence principale mais aussi dans une résidence secondaire (une résidence secondaire maximum par contribuable).