[N° 559] - Maîtriser ses consommations d’eau et d’énergie avec les compteurs communiquants - Les obligations des contrats de fournisseurs

par Paul TURENNE
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Les obligations des contrats de fournisseurs

Fabrice Haïat, PDG de Vizelia, éditeur de solutions informatiques de gestion de patrimoine immobilier :

En quoi consiste la solution Vizelia Green Building que vous proposez?

Vizelia Green Building est une application sur le web qui permet d’optimiser et de réduire les consommations d’eau, de gaz, d’électricité dans les bâtiments neufs et anciens en les collectant, diffusant, et analysant automatiquement, en temps réel. Le principe est assez simple. Il s’agit d’équiper un immeuble avec des capteurs qui vont permettre d’avoir un suivi des consommations de gaz, d’électricité et d’eau, ainsi que la température des logements pour pourvoir ensuite fournir au syndic la possibilité de superviser les consommations des parties communes et aux locataires de suivre leur propre consommation. Nous avons déjà équipé ainsi presque 20 000 logements.
Dans un logement existant, nous n’allons pas chercher à faire de la domotique avec par exemple des lumières qui s’adaptent à la luminosité ambiante. Nous allons plutôt nous focaliser sur du « monitoring énergétique ». Au travers des suivis de consommations, nous allons ainsi mettre en place des règles d’alerte. Ainsi, en cas de débit constant permanent pendant certains temps, une alerte fuite sera mise en place. Il en est de même des petites fuites qui peuvent représenter un poste de dépense important sur un an.
Deuxième étape : la définition de ratios, comme le nombre de personnes ou d’équipements électriques dans un logement, rapportés à la consommation d’eau ou d’électricité par exemple. Cela permet de donner des indicateurs aux copropriétaires sur leur consommation moyenne ramenée à une statistique nationale ou à une comparaison plus locale afin que chacun puisse se situer.Troisième levier : la comparaison qu’il est possible de faire entre l’utilisateur et les autres populations d’utilisateur.

Quels bénéfices chacun peut-il en retirer ?
Les bénéfices que nous avons pu observer sont, d’une part, des locataires beaucoup plus attentifs du fait des alertes de consommation. Par ailleurs, cela est intéressant, à la fois pour les syndic, en cas de volume de logements un peu significatif, pour identifier les consommateurs à cibler en priorité en vue d’actions de sensibilisation ou de mises à jour techniques afin de les aider à maîtriser leur consommation.
Le syndic va, par exemple, avoir la possibilité d’identifier des fuites entre le compteur général et les sous compteurs qui sont en général difficile à reventiler sur les locataires et donc grève sa rentabilité. L’idée est donc d’avoir une vision globale pour vérifier que les bâtiments ne se dégradent pas ou qu’il n’y a pas de problèmes techniques majeurs.

Comment se passe l’installation d’un tel système et à quel coût ?
Une première phase consiste à effectuer une analyse de l’existant, afin de déterminer le nombre de compteurs déjà en place et leur types, les postes de consommation majeurs qu’il convient d’instrumenter... S’agit-il de se focaliser sur le chauffage, sur l’eau, ou bien sur les deux ? En fonction de tous ces éléments, nous sommes capables de déterminer les points de mesure qu’il faudrait rajouter pour avoir une vision globale de la performance de l’installation, et deuxièmement le coût de ces instrumentations.
Il faut compter en premier un coût d’installation et de matériel et ensuite un coût d’abonnement à une plateforme puisque les données sont envoyées sur le web de façon sécurisée. Chacun a ensuite accès via un portail personnel à ses propres consommations. S’il n’est pas possible de visionner la consommation du voisin, en revanche, des outils statistiques permettent de positionner sa consommation par rapport à la moyenne des logements équivalents de l’immeuble. Pour l’un des premiers projets que nous avons réalisé, à savoir, l’OPAC de Moulin dans l’Allier, qui comportait une centaine de logements, le budget global de l’opération était d’environ 60 000 euros. Soit un coût moyen par logement de 600 euros. Pour donner une fourchette un peu large, le coût par logement va être compris entre 500 et 1 000 euros, suivant ce que l’on souhaite faire et s’il existe déjà des solutions installées.

Quid du contexte réglementaire ?
Des réglementations vont probablement bientôt voir le jour et accélérer le déploiement de ce type de solutions. Notamment, la visualisation des charges énergétiques au niveau des locataires.
Le Grenelle 2 doit ainsi rendre obligatoire la ventilation de répartition des charges de chauffage individualisées par locataire.
Car, si l’on veut répartir, il faut avant toute chose compter.
Agir sur le comportement des utilisateurs sans individualiser les charges ne marche pas. Tout l’enjeu consiste donc à responsabiliser l’ensemble de la chaîne.