[N° 582] - L’isolation thermique par l’extérieur : le cas d'une copropriété parisienne de 20 lots - Revue de détails des travaux entrepris

par Guillaume HECHT
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Revue de détails des travaux entrepris

Les occultations
Le choix des occultations extérieures est aussi un point important car elles contribuent au confort thermique d’été et de nuit. On peut profiter du ravalement pour adopter un dispositif d’occultation extérieur homogène sur l’ensemble de la façade (surtout pour les baies au sud et à l’ouest). Suivant les cas, on préférera des persiennes métalliques si les garde-corps sont ‘‘en applique’’, des volets bois-persiennes si les garde-corps sont “en tableaux“ ou encore des stores textiles…

Les fenêtres
Le remplacement des fenêtres est bien entendu préconisé à cette occasion. Isoler un gruyère sans en boucher les trous (ponts thermiques) serait absurde. «Il faut donc profiter du ravalement pour remplacer les vieilles fenêtres par des menuiseries plus performantes (double vitrage peu émissif, gaz argon, bois PEFC, etc). La pose en mode ‘‘réhabilitation’’ des nouvelles fenêtres est compatible avec l’ITE car cela permet de retourner facilement l’isolant en tableau», ajoute l’architecte.

L’isolant
Le choix du type d’isolant dépend du mur existant et de sa capacité à laisser migrer l’humidité. Si le support le permet, une isolation en laine de bois peut être prescrite («énergie grise» inférieure au polystyrène expansé). Préconisation à faire au cas par cas. (Photo1)
L’épaisseur de l’isolant constitue également un élément important : «il dépend du niveau de performance énergétique recherché et du type d’isolant choisi. Un diagnostic de performance énergétique et une étude thermique peuvent impliquer une prescription particulière. A mon sens, 11 cm de polystyrène expansé est un minimum à prévoir. Effectivement cet isolant avec un coefficient de résistance thermique R ≥ 2,80 m2k/w, ouvre droit à un crédit d’impôt à ce jour».
Le choix du type de finition dépend du type d’isolant et du mur existant. «Différents types de finition peuvent être prescris : enduit minéral de 2 cm (fragile dans le temps...), enduit pelliculaire 1 mm, enduit à la chaux, etc. Dans cette opération, nous avons employé du Siloxane grésé grain fin 1 mm».
Le retour d’isolation en tableau est indéniablement un point crucial. «Pour éviter les ponts thermiques, l’isolant doit se retourner en tableau sur les 4 faces (en linteau, les 2 pieds droits et l’appui). Dans cette opération, si l’épaisseur du retour n’était que de 2 cm, c’est mieux que rien, car en matière d’isolation, ce sont les premiers centimètres qui comptent !».


Benjamin Gauthier s’empresse dès lors de nous faire part d’un problème rencontré avec la pose de l’isolation en retour de tableau : «si les dormants de fenêtres ne sont pas assez apparents, l’isolant peut empiéter sur l’ouvrant. Lors de ce chantier, des recoupes de tableau ont été essayées afin de gagner quelques centimètres. Cette méthode a vite été abandonnée car elle a créée des fissures dans les appartements... A ne tenter donc que si des travaux intérieurs sont prévus !». (Photo 2)

 

 

 

 

 

Les modénatures de façade
Les bandeaux, appuis de fenêtre, corniches du rez-de-chaussée, etc, sont parfois des casse-tête : «en cas d’isolation thermique par l’extérieur, les anciennes modénatures sont supprimées, et elles devront être restituées à l’aide de nouveaux profils. Si la question patrimoniale est importante, les profils pourront être réalisés sur mesure, identiques aux existants (cher!). Dans le cas contraire, il existe un nombre important de profils standard de bandeaux. Ceux-ci seront de préférence recouverts de zinc». (Photos 3, 4, 5)

 

S’il existe des modénatures décoratives de façade telles que des listels d’encadrement de fenêtres ou des harpages d’angle, il faudra prévoir au devis ces mises en œuvre visant à restituer un état existant ou un état antérieur supposé. (Photo 6)

Les colonnes d’eaux
Le déplacement des colonnes d’eaux pluviales et/ou d’eaux usées et/ou eaux vannes est à prendre en compte : «les colonnes placées en façade devront être déposées et reposées (ou remplacées en cas de besoin) en tenant compte de la surépaisseur de l’isolant».
(Photo 7)

Les jonctions
La jonction entre la façade et la toiture : «en pignon, les bandes de rives devront être reprises pour protéger la tête de l’isolant. En façade, vérifier qu’il ne faut pas déplacer les gouttières pendantes».(Photos 8, 9, 10)

Prolongement de bandes de rives pour protéger la tête de l’isolant. (photo 8 & 9)

Pour les jonctions entre la façade et les garde-corps, deux cas de figure : «si les garde-corps sont posés ‘‘en applique’’, ils devront être déposés et reposées avec des pattes de fixations plus longues. Si les garde-corps sont posés à l’intérieur des tableaux, ils pourront éventuellement être noyés en partie par l’isolant et/ou réajustés selon les cas». (Photo 11, 12)

«De la même manière que les gardes corps, les grilles de protection pourront être soit directement ‘‘noyées’’, soit déposées et prolongées par des pattes de fixation pour tenir compte de l’épaisseur de l’isolant».
Pour les volets bois et persiennes métalliques : «si l’isolant se retourne en tableau (ce qui est préférable), les baies n’auront plus la même dimension, les volets et persiennes seront donc certainement à changer (ou retaillés si cela est possible). Les gonds des volets bois devront être prolongés en conséquence».

Pour les bouches de ventilation, et en cas de maintien de celles-ci, le percement de l’isolant et la pose de nouvelles grilles seront à prévoir.

Les autres points
Le traitement du rez-de-chaussée reste particulier et différent selon les cas. D’une manière générale, et dès lors que celui-ci donne sur rue ou est exposé aux agressions, il est préférable de trouver un autre revêtement. Une isolation par l’intérieur ou un bardage peut se révéler être une bonne solution.
Pour les démolitions, «ne pas oublier de prévoir dans les devis la dépose des modénatures existantes (bandeaux, appuis de fenêtres, etc) et les reprises de maçonnerie pour aplanir la façade avant la pose de l’isolant».
«C’est impressionnant à quel point le comportement du bâtiment a changé. L’isolation thermique par l’extérieur avec de la maçonnerie entre les deux, lui a fait gagné en inertie ; c’est très appréciable. Le bilan est incontestable ; l’économie d’énergie est considérable. Le chauffage étant individuel, chacun a pu l’apprécier sur sa facture», conclut Pierre-Alexis Hulin.

Dresser un bilan énergétique après travaux dans notre étude de cas serait absurde, puisqu’aucun audit préalable n’avait été fait. Néanmoins, selon les résultats observés1 pour des réhabilitation énergétique d’immeuble de type faubourien, le facteur de réduction serait de 4,5 ; soit une division par 4,5 des déperditions énergétiques enregistrées avant travaux !

 

1 - Résultats issus du Guide ABC, amélioration des bâtiments collectifs, les Éditions parisiennes.

Remerciements à Benjamin Gauthier pour l’utilisation des photos proposées dans ce reportage.