[N° 575] - MÉTROPOLE MONTPELLIÉRAINE : Montpellier fait face au grippage de son marché de l’immobilier

par Paul TURENNE
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En dépit d’atouts liés à sa qualité de vie, Montpellier subit les conséquences de la crise économique de plein fouet. Conséquence : un dynamisme en berne au niveau des transactions.

Paul Turenne

 

Crédit : earthworm.online

La capitale du Languedoc-Roussillon tire un peu la langue en cette période économiquement troublée. Très attractive par sa vie culturelle riche et sa situation géographique, la ville est fortement touchée par la crise. 532 liquidations judiciaires officielles ont ainsi été prononcées durant l’année 2010, tandis que 2011 confirmait cette tendance inquiétante. Du reste, à une échelle plus large, la région Languedoc-Roussillon compte environ 13% de chômeurs, d’après les statistiques de l’Insee. Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce que le marché immobilier ait fortement ralenti en 2011, après une année 2010 sur les chapeaux de roues.
Facteur aggravant : de nombreux professionnels déplorent la rigidité et l’optimisme de nombre de propriétaires sur les prix qu’ils veulent obtenir. Du fait de ces prix inaccessibles pour la plupart des acheteurs qui ne réussissent pas à boucler leur financement, les transactions sont difficiles à finaliser, quand elles n’échouent pas tout simplement. Au final, les vendeurs mettent plus de temps à se séparer de leur bien, le marché perdant, lui, en fluidité. Une situation aggravée par la remontée des taux d’intérêt et par le durcissement des conditions de prêts bancaires.

Attrait pour les petites surfaces

Sans surprise, les petites surfaces rencontrent le plus de succès, en particulier, les biens s’échangeant en dessous de 100 000 €. Bon nombre d’investisseurs raflent ainsi des studios pour faire face à la forte demande de logements étudiants. Du fait d’une demande qui reste importante, le cœur de ville et l’Ecusson, quartier piéton jouxtant la place de la Comédie, restent très chers. Le prix au mètre carré  y est ainsi compris entre 3 500 et 4 000 € et peut facilement dépasser les 4 000 € dans les lieux les plus réputés comme la place de la Canourgue. Une situation qui explique que la clientèle locale ayant assisté à la montée des prix ait plutôt tendance à se reporter sur la deuxième couronne plus accessible. La clientèle non montpelliéraine, en particulier les Parisiens désireux de dénicher un pied-à-terre, trouvent sur place des prix bien plus accessibles que dans la capitale et portent donc majoritairement ce micro-marché.
La deuxième couronne est également plus attractive que la première, du fait des places de stationnements beaucoup plus nombreuses et d’un bruit nocturne plus faible.  Dans ce secteur, le futur quartier Saint-Roch dynamise d’ailleurs le secteur. La ZAC “Nouveau Saint Roch”, dont la construction a d’ores et déjà débutée et qui devrait être entièrement terminée à l’horizon 2019, contribuera à la requalification du centre-ville sur les terrains de l’ancienne gare de marchandise. De quoi renforcer les capacités de logements et d’emplois. Les investisseurs ne s’y trompent pas et commencent à s’intéresser à ce secteur bien desservi et situé à proximité des axes routiers.

Plan campus

Autre projet porteur d’espoir, le plan campus, lancé par le Pôle de recherche et d’enseignement supérieur de l’université Montpellier Sud de France. Financé majoritairement par l’Etat, ce plan vise à reconstruire 60 % du campus scientifique de Triolet, édifier une nouvelle faculté de médecine sur le site de l’hôpital Arnaud de Villeneuve, et créer le Pôle chimie Balard. Un projet qui va s’accompagner d’un programme d’aménagement spécifique visant à favoriser la mixité sociale en dynamisant la création de nouveaux logements ainsi que l’implantation d’équipements de proximité utilitaires, culturels ou sociaux, tels que des crèches ou des parkings. De quoi combler en grande partie la pénurie de logements pour étudiants.
Problème, ce plan Campus avance «très lentement» de l’aveu même d’Anne Fraïsse, vice-présidente de la Conférence des présidents d’université, par ailleurs présidente de l’université Montpellier 3. Un rapport parlementaire a ainsi révélé que seuls 56,9 millions d’€ du Plan Campus avaient été versés sur les 5 milliards de son montant total national. En cause, des partenariats public-privé (PPP) aux coûts «très chers» et plus longs à mettre en œuvre que prévu. Difficile donc, de tabler à court, voire à moyen terme, sur un «effet-campus» dopant le marché immobilier…