[N° 572] - MÉTROPOLE PARISIENNE : Paris à la croisée des chemins

par Paul TURENNE
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Faut-il y voir un épiphénomène ou les prémisses de la fin d’une époque bénie pour les vendeurs ? En juillet et en août, les prix de l’immobilier parisien ont commencé à baisser et la tendance devrait se poursuivre au cours des prochains mois. Un signal fort alors que la demande de logements excède toujours l’offre dans la capitale.

Paul Turenne

S’il est encore trop tôt pour disposer de chiffres précis et définitivement validés, l’affaire semble entendue : le marché parisien est en train de perdre de sa superbe. Alors qu’il a connu au deuxième trimestre la plus forte flambée des prix sur un an depuis 20 ans, avec 22,5% d’augmentation et un plus-haut à 8 150 € le m² en moyenne dans l’ancien, tous les indicateurs confirment un retournement. Cet été et pour la première fois depuis deux ans, les notaires Paris Île-de-France ont ainsi observé «des premiers signaux plus mitigés au moment même où le contexte économique et financier se durcit». Les premières tendances sur l’été montrent, en effet, une érosion des volumes de ventes «très sensible». «Les prix ont amorcé une baisse, pour l’instant légère, comme nos avant-contrats en témoignent sur la période juin-août», affirme également Me Christian Lefebvre, président de la Chambre des notaires de Paris et d’Ile-de-France. Une baisse légère d’à peine 1% certes, mais la tendance s’est accentuée depuis le retour des vacances. Projet de réforme des plus-values immobilières source de vives inquiétudes, durcissement du contexte économique et financier… Autant de facteurs qui laissent les notaires «anticiper un cycle immobilier beaucoup plus incertain au cours des prochains mois».
«Le prix des logements anciens à Paris devrait se stabiliser, voire légèrement baisser à partir d’octobre», constatent-ils ainsi. De son côté, le réseau d’agents immobiliers en ligne Meilleursagents.com, dont les chiffres se basent à la fois sur ceux des notaires et sur les compromis de vente réalisés par les agences partenaires, a déjà relevé une baisse de 3% entre le 1er juillet et le 1er septembre.

Coup de frein salutaire
Reste que les prix parisiens sont encore loin d’atteindre le plancher. Et les notaires d’estimer que «ce premier coup de frein» est même «salutaire du fait du niveau actuel des prix atteints à Paris et de l’accumulation des hausses de prix depuis quelques trimestres». Au deuxième trimestre, les prix des appartements anciens se sont, en effet, échelonnés entre 6 350 € le m² dans 19ème arrondissement et 11 690 € dans le 6ème. Tous les arrondissements se sont ainsi positionnés au dessus des 6 000 € le m² et six arrondissements ont dépassé la barre des 10 000 € le m², à savoir, les 5ème et 8ème arrondissements qui ont fait leur apparition dans le haut du classement déjà occupé par les 6ème, 7ème, 4ème et 1er arrondissements. En variation trimestrielle, les appartements anciens parisiens ont ainsi connu, au cours de la première partie de l’année, une hausse des prix de 4,6%. Cependant, les 6ème et 7ème arrondissements, les plus chers de Paris, ont enregistré une légère baisse des prix du premier au deuxième trimestre 2011.

La tendance est donc à la baisse. Pour autant, loin de jouer les Cassandre, les notaires ne croient pas à une explosion d’une supposée “bulle immobilière”. Paris reste, en effet, plus que jamais attractive avec une forte demande. Qui plus est, la réforme des plus-values immobilières, source d’une relative inquiétude de la part de certains propriétaires, devrait continuer de favoriser les retraits de vente de biens. Conséquence ou pas du plan de rigueur, les volumes de vente s’érodent donc très sensiblement, ce qui devrait entraîner un fort ralentissement au deuxième semestre et donc un décrochage très limité des prix, en dépit des limites de solvabilisation des acheteurs qui apparaissent. «Le marché retient son souffle», conclut Me Lefebvre.