[N°629] - Spécial énergie en copropriété

par Julie HAINAUT, journaliste
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Index de l'article

Trouver le bon fournisseur, économiser l’énergie, réaliser des travaux d’économies d’énergie, réduire sa facture... Le point sur l’énergie en copropriété.

Selon le baromètre Energie-Info du médiateur national de l’énergie, 71 % des français estiment que leur consommation d’énergie est un sujet de préoccupation important. Si, dans l’ensemble, les factures de gaz naturel et d’électricité ont baissé cette année, elles représentent encore une part élevée (56 %) dans les dépenses des foyers français. Le baromètre est clair : «8 % des ménages interrogés déclarent avoir rencontré des difficultés pour payer certaines factures d’électricité ou de gaz naturel. Il s’agit du taux le plus bas observé dans le baromètre Energie-Info depuis 2012. En revanche, comme les années précédentes, 2 % des foyers interrogés ont déclaré avoir subi une réduction de puissance d’électricité ou des coupures d’électricité ou de gaz naturel en raison d’impayés liés à des difficultés financières».


 Un préalable : économiser au mieux l'énergie

L’énergie est une ressource précieuse et souvent épuisable. Chaque petit geste du quotidien permet de l’économiser. Le chauffage représente plus des deux-tiers de la consommation énergétique d’un logement. Pour économiser l’énergie, il est conseillé de ne pas chauffer une pièce inoccupée, de fermer les volets, de baisser le chauffage la nuit ou en cas d’absence, et de régler son chauffage sur 19° C au lieu de 20° C, ce qui permet de diminuer la consommation d’énergie de 7 %. D’autres petits gestes du quotidien peuvent contribuer à la réduction de sa consommation énergétique et donc réduire ses factures : privilégier la douche au bain, éteindre les téléviseurs, ordinateurs et autres appareils lorsqu’on ne les utilise pas - le maintien en veille des appareils engendre une consommation d’environ 10 % d’électricité en plus -, privilégier le programme éco de son lave-vaisselle, faire sécher son ligne à l’air libre et non dans un sèche-linge (on économise en moyenne 15 % de sa consommation électrique annuelle), couvrir une casserole d’eau qui bout, attendre que les plats refroidissent avant de les mettre dans son frigo… Tous ces petits gestes peuvent paraître anodins mais peuvent largement contribuer à diminuer la consommation d’énergie et donc les émissions de gaz à effet de serre.


Les travaux d’économie d’énergie

Des travaux d’économie d’énergie peuvent également permettre de réduire sa facture. La réalisation d’un diagnostic énergétique est d’ailleurs désormais obligatoire. Cela est significatif dans nombre de logements, notamment ceux construits alors qu’il n’existait aucune réglementation énergétique, et dont les équipements énergétiques sont souvent inefficaces et l’isolation thermique inexistante. Après un audit énergétique ou un diagnostic de performance énergétique, la copropriété peut décider de procéder à des travaux d’économie d’énergie. Le syndic, après avoir mis en concurrence plusieurs entreprises, présentera l’ampleur des travaux (sur les parties communes et privatives) ainsi que les devis en assemblée générale. Les copropriétaires pourront alors décider de conclure un contrat de performance énergétique ou un plan de travaux d’économies d’énergie. Ces travaux sont votés à la majorité absolue de tous les copropriétaires (ou simple si la majorité absolue n’est pas atteinte, lors d’un second vote en application de l’article 25-1 de la loi du 10 juillet 1965).


Quelle énergie choisir ?

Energie solaire et éolienne, électricité, biogaz, granulés de bois, gaz naturel… Certaines solutions sont plus efficaces que d’autres, mais parfois moins économiques. Comment s’y retrouver ? Si le bois reste l’une des énergies les plus économiques, il convient de privilégier du bois de qualité (comme les certifications NF Granulés biocombustibles, par exemple), d’acheter son bois au volume plutôt qu’au poids.
Le fioul reste l’une des énergies les plus polluantes (300 g de CO2/kWh contre 230 pour le gaz naturel) mais le prix variant selon celui du pétrole, cette énergie peut être intéressante économiquement.
Le gaz naturel reste, quant à lui, une énergie très économique, plus attractive que le gaz propane qui nécessite un lieu de stockage et une installation parfois onéreuse.
L’électricité est l’une des solutions les moins coûteuses à l’installation (il faut compter entre 50 et 500 euros pour un convecteur électrique de 1 000 watts), mais l’énergie la plus chère en termes de consommation. Si elle compte de nombreux avantages (elle nécessite peu d’entretien et aucun stock de matière n’est à prévoir), elle compte plusieurs inconvénients : pollution, assèchement de l’air, dépendance du réseau électrique, et donc coût. En France, 8 millions de foyers (soit plus de 30 % des logements) sont équipés de chauffage électrique.
La géothermie qui permet de produire du froid, du chaud et de l’électricité, est incontestablement le mode de chauffage le plus abouti au niveau technologique, mais elle reste chère à l’achat.
Enfin, l’énergie solaire renouvelable reste la moins polluante, la plus économique et l’une des plus fiables. Les seuls bémols actuels concernent les démarches administratives longues et la production irrégulière dépendant du temps. L’ADEME précise qu’«après avoir réduit les besoins énergétiques du bâtiment et installé des équipements performants, s’équiper en énergies renouvelables peut être économiquement intéressant pour une copropriété. C’est aussi un bon investissement pour l’environnement puisque la copropriété réduira ainsi ses émissions de CO2. Vous pouvez produire l’eau chaude sanitaire avec une installation solaire thermique, chauffer et produire de l’eau chaude avec une chaudière au bois».


Choisir le bon fournisseur et négocier le bon contrat

La loi NOME (Nouvelle organisation du marché de l’électricité), votée en 2010, qui entend libéraliser le marché énergétique dominé par EDF et Engie (ex-GDFSuez), a supprimé les tarifs réglementés de vente pour les professionnels ayant des consommations moyennes et importantes d’électricité (tarifs jaunes et verts, depuis le 1er janvier 2016) mais les a maintenu pour les petits consommateurs (tarif bleu) et permet, désormais, aux fournisseurs alternatifs, de proposer des tarifs compétitifs. Ainsi, tous les clients non-domestiques dont la puissance souscrite est supérieure à 36 kVA ont pu quitter, depuis le 31 décembre 2015, les tarifs réglementés pour une offre de marché.

Selon le baromètre Energie-Info du médiateur national de l’énergie, «l’organisation des marchés de l’électricité et du gaz naturel est encore aujourd’hui confuse pour les ménages français. La répartition des rôles des différents acteurs est toujours assez peu appréhendée du grand public». Beaucoup considèrent qu’ENGIE (anciennement GDF Suez) et EDF forment une seule et même entité. Or, ceux sont bien deux sociétés différentes et concurrentes. Seuls 28 % des consommateurs en seraient informés.
Il devient difficile de s’y retrouver parmi toutes les offres proposées. Il ne faut pas hésiter à faire jouer la concurrence, comparer les offres. Mais, en amont, il est nécessaire de bien connaître les besoins et la consommation de la copropriété, de vérifier les délais de résiliations afin d’anticiper, et de calculer les budgets annuels. Il existe une multitude de sites permettant de comparer les différentes offres proposées en France.

Le site en ligne Selectra s’est associé avec le site Seloger.com et propose un comparateur d’énergies afin d’obtenir des tarifs négociés plus avantageux que les tarifs réglementés. «Alors que les tarifs réglementés du gaz naturel augmentent de 2,6 % au 1er mars 2017, dans le sillage d’une hausse de 5 % au 1er janvier, Seloger lance une opération d’achat groupé d’électricité et de gaz ouverte aux utilisateurs de ses services et à tous les Français. Le principe : se regrouper pour jouer sur la force du nombre et négocier une offre moins chère pour les inscrits», précise le site. Parmi les meilleures offres actuelles, Dyneff propose pour le gaz, 13 % de remise sur le prix du kWh HT par rapport aux tarifs réglementés du gaz garantis pendant trois ans ; Direct Energie propose 10 % de remise sur le prix du kWh HT par rapport aux tarifs réglementés garantis à vie ; Happ-e (l’offre tout en ligne du groupe Engie) propose 14 % de remise pour l’électricité.
Le site en ligne Opera Energie propose, lui aussi, un comparatif des offres des fournisseurs en gaz et en électricité. Il indique s’il convient de changer de fournisseur, les impacts que cela aura dans ce cas et les démarches à effectuer.

D’une manière générale, les fournisseurs d’électricité Happ-e d’Engie, Direct Energie et Lampiris restent leader en terme de prix du kWh. Si la copropriété est équipée en chauffage électrique, il est plus avantageux de privilégier une réduction sur le prix du kWh. Dans le cas inverse, lorsque le chauffage de l’habitat n’est pas électrique et lorsque la production d’eau chaude sanitaire n’est pas produite à partir d’un cumulus électrique, il est conseillé d’opter pour Planète Oui, qui propose des prix d’abonnement très réduit. Le site Kelwatt l’affirme : «la majorité des fournisseurs alternatifs proposent des réductions sur le prix du kWh. Or, pour un petit consommateur, il sera plus intéressant de faire des économies sur la partie fixe de la facture, à savoir l’abonnement. Il ne faut pas s’attendre à diviser sa facture par deux, puisque celle-ci inclut de nombreuses composantes incompressibles, dont les taxes et les tarifs d’acheminement rémunérant les réseaux de transport et de distribution d’électricité. Les économies sont donc limitées pour les petits consommateurs, mais elles sont toujours bonnes à prendre dans la mesure où le changement de fournisseur d’électricité est simple et sans frais».

La lettre du médiateur national de l’énergie de novembre 2016 affirme qu’aujourd’hui, «39 % des Français connaissent la marche à suivre pour changer de fournisseur d’énergie (2 fois plus qu’en 2011), mais ils ne sont que 13 % à avoir sauté le pas et 76 % n’ont pas l’intention de le faire. Lorsqu’ils changent, leur objectif premier est de réduire le montant de leurs factures. Pourtant, ils ne sont qu’un tiers à avoir eu le réflexe d’utiliser un comparateur d’offres.»


 En cas de litige : solliciter le médiateur national de l’énergie

Autorité publique indépendante créée par la loi n° 2006-1537 du 7 décembre 2006 relative au secteur de l’énergie, le médiateur national de l’énergie a pour rôle d’informer les consommateurs sur leurs droits et de proposer des solutions amiables aux litiges entre les consommateurs et les opérateurs. Dans ce dernier cas, le consommateur (ou son représentant : avocat, services sociaux, etc.) peut, en cas de litige avec un opérateur d’énergie, saisir gratuitement le médiateur par courrier ou en ligne via le site www.sollen.fr . Sur ce site gratuit, intuitif et interactif, le consommateur remplit un formulaire et enregistre les pièces du dossier nécessaires à son traitement.
Dans la lettre du médiateur national de l’énergie de novembre 2016, Philippe Loiselet, directeur général de Loiselet & Daigremont, Services Immobiliers, déplore le fait que le rôle du médiateur national de l’énergie ne soit pas encore suffisamment connu dans la profession. «Je pense qu’aujourd’hui encore, nombre de syndics de copropriétés n’ont pas le réflexe de faire appel au médiateur national de l’énergie. Pourtant, il peut apporter des solutions intéressantes et pragmatiques en cas de litige (…). Il existe des cas assez nombreux où le recours au médiateur permettrait d’accélérer la résolution de litiges, notamment avec les opérateurs historiques. Cela peut éviter d’engager des contentieux longs et coûteux.» Selon le baromètre Energie-Info du médiateur national de l’énergie, ce médiateur ne serait connu que d’un foyer sur cinq, les employés ouvriers (13 %) et les jeunes de 18-34 ans (14 %) seraient ceux qui le connaissent le moins. Pour plus d’informations, se reporter au site dédié www.energie-info.fr ou appeler le 0 800 112 112.


 Pour aller plus loin :

- Rénovation Info Service.
http://renovation-info-service.gouv.fr/

- Energie Info, information pour les consommateurs d’énergie et comparateur indépendant pour les offres d’électricité et de gaz.
www.energie-info.fr

- ADEME, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, opérateur de l’Etat accompagnant la transition écologique et énergétique.
www.ademe.fr

- Selectra. Comparateur de fournisseurs d’électricité et de gaz.
https://selectra.info/
https://club.selectra.info/seloger

- Opera Energie, optimisateur de dépenses en électricité et en gaz.
http://opera-energie.com/

- Coach Copro, plateforme web gratuite permettant de mener un projet de rénovation énergétique.
www.coachcopro.com