[N°642] - L’utilisation de la fibre : Solutions, acteurs, services

par Par Paul Turenne
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Télécharger de lourds fichiers en quelques secondes, enregistrer un programme sur sa télévision HD tout en surfant sur Internet avec un débit record... Avec la fibre optique, bon nombre de loisirs du quotidien sont facilités. Le point sur cette technologie amenée à prendre une place de plus en plus importante.

Le fibrage de la France ? Un objectif national prioritaire ! Le message est clair : avec son Plan national France Très haut débit, le pays vise une couverture intégrale du territoire en très haut débit (débit pic descendant supérieur ou égal à 30 Mbit/s) d’ici fin 2022. Le Plan avait également un objectif intermédiaire de très haut débit pour 50 % des foyers en 2017, objectif qui a été atteint avec un an d’avance. L’ensemble des technologies capables d’apporter du très haut débit sont ainsi mobilisées avec, en priorité, les réseaux FttH (Fiber to the Home ou fibre optique jusqu’à l’abonné, cf. encadré) et, dans une moindre mesure, les réseaux cuivre et câble modernisés et les futurs réseaux hertziens terrestres et satellitaires.
Ce Plan contribuera du reste à l’objectif intermédiaire d'un bon haut débit pour tous d’ici 2020, alors qu'à ce jour un peu plus de 5 millions de foyers n'en disposent pas. Soit une vitesse de connexion de 8 Mbit/s accessible à l’ensemble des foyers, via des technologies compatibles avec les déploiements de long terme.

A Paris, 10% des copropriétés réfractaires au fibrage 
«Au niveau des copropriétés, il reste encore des petits villages gaulois, quelques immeubles qui n'ont pas dit oui à l'arrivée de la fibre malgré la gratuité de l’installation», déplore Didier Cazes, ingénieur Orange à la Direction programme réseau et déploiement FTTH. «À Paris, ce taux de refus de fibrage d'immeuble s’élève à 10 %.» Raison principale de ces refus : les occupants ne voient pas l’intérêt pour eux à court terme et préfèrent donc éviter toute intervention dans les parties communes pour des raisons esthétiques ou autres. Une décision étonnante si l’on songe que cette installation, simple au demeurant, ne coûte pas un centime aux copropriétés de plus de 12 lots (autour de 150 euros pour les autres) et n’oblige nullement à souscrire à une offre fibre optique dans la foulée. À la revente ou à location, une telle installation peut, par ailleurs, être valorisée sur un plan patrimonial, sans compter le fait que le fibrage va tout simplement dans le sens de l’histoire… «C'est la même logique que l’arrêt de l’analogique et l’arrivée de la télévision numérique terrestre (TNT) : au final, on ne pourra pas passer à côté.» Du reste l’article 63 quater de la loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (dite loi ELAN, en cours de discussions au Parlement) complèterait l’article 24-2 de la loi du 10 juillet 1965 afin de préciser que l’assemblée doit statuer sur la proposition faite par un opérateur dans les 12 mois qui suivent sa réception par le syndic.

Fibre optique : un support extrêmement évolutif
Sur le plan technique, le support fibre de verre a des capacités d'usage extrêmement importantes, que ce soit au niveau du débit potentiel ou de l’absence d’impact d’éléments extérieurs sur celui-ci : températures, humidité… Au final, les équipements actifs au départ et à l'arrivée font toute la différence. Si aujourd'hui, ils sont en rapport avec ce qui existe sur le marché (échanges de données, télérelève, téléphone, TV, etc.), on n'imagine même pas encore tous les usages potentiels. En clair, seule une toute petite partie des capacités de la fibre est actuellement utilisée, d’où la grande évolutivité de cette dernière. Autre avantage par rapport par à une offre ADSL classique qui utilise les fils cuivrés traditionnels, l'absence d'atténuation du signal sur plusieurs dizaines de kilomètres et donc un débit non dégradé pour les abonnés.
Mais les particuliers ont-ils réellement besoin de tels débits au quotidien ? Force est de constater qu’en matière de consommation de données, l’heure n’est pas à l'économie. Aujourd’hui, la moindre photo prise par un smartphone fait plus de 5 Mo, ce qui était inimaginable il y a quelques années. Qui plus est, dans les appartements, le Wi-Fi, très utilisé, divise par deux ou trois le débit réel. Cette façon de consommer oblige ainsi à augmenter toujours plus le débit pour qu'à l'arrivée, il soit conforme à l’usage final. Une offre fibre permet dès lors de télécharger beaucoup plus vite des fichiers volumineux et de continuer à surfer sur Internet sans baisse de débit tout en regardant ou en enregistrant un programme de télévision HD en même temps.

Réseaux d’initiative publique : la solution dans les zones peu denses
Comment respecter les objectifs de déploiement du Plan France Très Haut Débit dans les territoires moins denses, par définition difficiles à rentabiliser pour les opérateurs classiques ? La solution passe par des réseaux d'initiative publique (RIP) déployés sur tout le territoire français dans des zones non couvertes par les réseaux privés, grâce à des investissements privés d’opérateurs mais aussi aux subventions publiques de l'Etat. Dans la très grande majorité des cas, ces RIP utilisent la technologie FTTH afin d’optimiser la mutualisation et qu'un maximum d'opérateurs puissent venir s’y greffer.
Reste que le choix des opérateurs demeure limité en pratique, que ce soit en zones denses ou peu denses. Rares sont les adresses où plus de deux opérateurs sont disponibles. Une situation qui a poussé l'Arcep, le gendarme des télécoms, à rappeler à l'ordre les opérateurs pour les inciter à rendre effective l'interopérabilité.

 Débits maximums et moyens des offres fibres et ADSL :

Débits (en Mb/s)* ADSL Fibre
Débit en réception maxi 20 Mb/s 1 000 Mb/s
Débit en réception réel (moyenne) 7,1 Mb/s 83,60 Mb/s
Débit en envoi maxi 1 Mb/s 200 Mb/s

* 1 Mb/s (1 000 bits par seconde) équivaut à 0,125 Mo/s (125 000 octets par seconde) 

FTTH, FTTB, FFTLA... :

De la fibre, oui, mais pas les mêmes débits
• FTTH : Fiber To The Home. Avec cette solution largement privilégiée aujourd'hui, car la plus performante au niveau des débits et la plus évolutive, le réseau fibré parvient jusqu'au domicile.
• FTTB : Fiber To The Building. Le réseau fibré est acheminé jusqu’en bas de l'immeuble et les données sont ensuite diffusées à l'aide d'un câble coaxial.
• FTTLA : Fiber To The Last Amplifier. Dans ce cas, le réseau fibré s'arrête au niveau de l'amplificateur situé dans le quartier. Un câble coaxial distribue ensuite les données à plusieurs immeubles du quartier.
Si l'on parle de très haut débit pour ces trois cas de figure, le débit descendant, et surtout montant, est beaucoup plus faible avec du FTTB ou du FTTLA. Il ne dépasse alors pas les 40 Mb/s contre 200 Mb/s pour du FTTH. À ce jour, c'est Orange qui possède le plus de parts de marché sur le FTTH (près de 60 %), qui compte 3,6 millions de clients au total en France.


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