[N° 548] - Faut-il avoir peur des antennes-relais ?

par Luc CHEVALIER
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Le 23 avril dernier, les ministères français de la Santé et de l’Ecologie lançaient le “Grenelle des antennes”. Avec un objectif précis : “traiter le problème des antennes-relais et des téléphones portables, qui posent des questions en termes de santé publique.”

C’est le nœud du problème : les antennes-relais sont-elles dangereuses pour la santé humaine et a fortiori pour celle des habitants riverains de ces installations ? Bien évidemment, la réponse ne sera pas la même si vous vous adressez à un pro (opérateurs, autorités publiques) ou à un anti antennes-relais (ONG, élus verts). Mais le contexte est propice aux interrogations : ces dernières semaines les opérateurs Orange, SFR et Bouygues Telecom ont tour à tour été condamnés par des tribunaux à démonter des antennes-relais de téléphonie mobile. Le 6 mars dernier, le juge des référés du tribunal de grande instance d’Angers a même été jusqu’à interdire l’installation d’une antenne-relais par Orange dans le clocher d’une église. Et le 20 avril, des habitants de Saint-Cloud ont déposé une plainte collective contre Orange pour “trouble anormal du voisinage” en exigeant le démontage de trois antennes-relais.

Le mystère des ondes

Alors y a-t-il péril en la demeure ou à proximité des antennes-relais ? Pour le savoir, les ministères français de la Santé et de l’Ecologie viennent de lancer “le Grenelle des ondes”. Ce dernier doit se dérouler pendant le mois de mai, avec une réunion finale le 25 mai.
Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a d’ores et déjà déclaré que “s’il faut plus de temps, nous prendrons plus de temps, et si nous voyons qu’il faut convoquer d’autres acteurs nous le ferons.”
Le dialogue est donc ouvert entre les opérateurs, les institutions de santé, les associations de défense de l’environnement et de consommateurs, les élus et les pouvoirs. Même FNE (France Nature Environnement) s’est dite rassurée puisque sa “proposition de reprendre les débats après l’été, lorsque l’avis de l’AFSSET aura été rendu (ndlr : en septembre), semble acceptable.” C’est dire si ce grenelle des ondes est sur la bonne fréquence.

Reste à passer aux choses sérieuses, c’est-à-dire au débat scientifique. Car en la matière, c’est le doute qui préexiste encore et toujours. En effet, le consensus scientifique est tout sauf avéré. Aucune étude sérieuse n’a démontré à ce jour l’existence de dangers pour la santé humaine. Les champs électromagnétiques possèdent des effets thermiques (bien connus) et des effets non thermiques pour lesquels aucune interaction avec des phénomènes biologiques n’a été mise en évidence.
Il reviendra donc à ce “grenelle des ondes” d’étudier la question du seuil d’exposition aux ondes et “d’identifier d’éventuelles mesures complémentaires en matière de recherche, d’expertise scientifique, d’information du public, de réglementation ou d’engagements volontaires”.
La norme européenne est de 41 ou 58 ou encore 61 volts par mètre pour la téléphonie mobile, en fonction des fréquences et ne peut être dépassée qu’à l’intérieur d’un périmètre réglementaire de quelques mètres et dont l’accès est strictement interdit au public. Des associations comme Robin des Toits voudraient voir ramené ce chiffre à 0,6 volts. Problème : une grande partie de la population serait ainsi privée de la téléphonie mobile, mais aussi de la radio et de la télévision.

Problème additionnel à la résolution de cette équation : notre environnement est truffé de champs électromagnétiques. A l’intérieur, ce sont les lampes, l’électroménager, les téléphones… A l’extérieur, les lignes électriques, les transformateurs, les voies ferrées, l’éclairage public… Sans oublier le rayonnement électromagnétique naturel.
Que faire ? Attendre les problèmes ? Certains experts, dans un souci de respect du principe de précaution, recommandent de multiplier les antennes moins puissantes et de les regrouper sur un nombre limité de pylônes afin de limiter les risques. Du côté de l’Association Santé et Environnement France (Asef), on milite pour “une reprise en main publique” du problème “avec des localisations, des puissances et une réflexion, afin de ne pas en rester à la loi de l’offre et de la demande”.

Fait nouveau, une récente étude française publiée sur le site Internet de la revue britannique Occupationnal & Environnement Medicine a mis en évidence que, pour les deux fréquences utilisées en téléphonie mobile, GSM (900 MHz) et DCS (1 800 MHz), l’exposition est maximale à environ 280 m de l’antenne relais en zone urbaine et à 1 000 m en zone péri-urbaine, là où le rayon va toucher le sol, à la périphérie de la zone couverte et non à proximité de l’antenne.
En clair et pour être cynique, s’il y a risque, il est moindre pour les habitants de la copropriété concernée par l’implantation d’une antenne-relais que pour les voisins de celle-ci.

Pour en savoir plus :
www.cartoradio.fr
• Controverses autour des antennes-relais de téléphonie mobile, de Guilhem Gil. L’intégralité de cet article est publié en P 24 (Rubrique Juridique) de ce n° des IRC.

Quel intérêt pour la copro ?

-  l’accord de l’unanimité des copropriétaires (et non la majorité en tantièmes) est indispensable pour autoriser ou non l’installation d’une antenne-relais ;
- au-delà de l’accord de la copropriété, une déclaration de travaux est obligatoire ;
- la redevance payée par les opérateurs peut varier entre 3 et 20 000 euros en fonction de l’immeuble et de son emplacement…