[N° 568] - 3 questions à André Pouget Ingénieur thermicien*

par Paul TURENNE
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Pourquoi avoir initié la rédaction du Guide A.B.C pour l’amélioration thermique des bâtiments collectifs* ?
Nous butions jusqu’alors sur un manque d’observations au sujet de la réhabilitation des bâtiments. Nous avons donc éprouvé le besoin de réunir ce tour de table pour commencer à répondre à ces questions en rédigeant un ouvrage utile à tous. Une équipe pluridisciplinaire a ainsi participé à la conception de ce guide : les architectes Jérôme Marin et Patrick de Jean qui ont procédé à une typologie des bâtiments existants, préalable indispensable à toute intervention ; le CSTB qui a été chargé du calcul des ponts thermiques, Transsolar et Ebök, bureaux d’études allemands spécialisés dans la physique du bâtiment, l’Ademe, enfin, l’ARC, dont le président Bruno Dhont a permis la remontée de nombreuses informations sur les copropriétés, secteur de loin le plus compliqué à appréhender. Plusieurs tribunes ont par ailleurs été rédigées en fin d’ouvrage afin de permettre aux lecteurs de connaître le positionnement d’acteurs importants, tel que Benoît Fauchard président délégué de la FNAIM, Maître Philippe Pelletier, ou bien encore Pierre Hérand de la Fondation Bâtiment Energie.

L’ouvrage préconise notamment la réduction des besoins avant une valorisation des systèmes performants…
Des mesures gouvernementales aident actuellement à réaliser des travaux sur différents bouquets de solutions. Or, jusqu’à présent, les réponses techniques apportées sont, dans la majorité des cas, de changer d’équipements de chauffage, voire de remplacer les fenêtres. S’y prendre de cette façon, c’est tuer la performance du gisement du bâtiment. En effet, isoler correctement un bâtiment et installer des vitrages plus performants permet d’installer une chaudière environ huit fois moins puissante. A contrario, si l’on change la chaudière avant d’isoler, on ne procèdera plus à cette isolation. Autre exemple : lorsque l’on remplace une menuiserie, sans isoler les murs par l’extérieur, une intervention ultérieure devient impossible sans remplacer la menuiserie qui va gêner. Il faut donc d’abord s’occuper de réduire les besoins en isolant le bâtiment, avant d’avoir recours à des équipements performants ou à des énergies renouvelables. Chauffer une passoire énergétique est un non-sens…

Un exemple de rénovation énergétique présenté dans l’ouvrage vous semble-t-il particulièrement significatif ?
Je citerai le cas de l’appartement rue Baudelique à Paris dans le XVIIIe arrondissement qui a été rénové en site occupé, avec une isolation par l’intérieur. Il va falloir développer cet exemple, le promouvoir et l’on va devoir innover avec des solutions techniques qui n’existent pas aujourd’hui. Peut être avec de l’isolation sous vide, des techniques de mise en œuvre sèches, qui génèrent le moins de salissures possible, de façon à réhabiliter les bâtiments occupés impossibles à isoler par l’extérieur. Il s’agit en effet de la majorité des immeubles. Si l’on ne trouve pas de solution pour ce secteur là, on rate la cible du Grenelle.

Propos recueillis par Paul TURENNE

* André Pouget, dirigeant du bureau d’études Pouget Consultants, est co-rédacteur du guide ABC (Amélioration des Bâtiments Collectifs) dont on trouvera la présentation en page 9.