[N° 567] - 3 questions à Arnaud Bazire PDG de Lamy immobilier

par Paul TURENNE
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Comment réagissez-vous au projet de loi destiné à encadrer l’activité des syndics  ?
Peu de professions en France sont aussi réglementées que celle de syndic. On peut donc s’interroger sur cette focalisation sur ce métier plutôt qu’un autre… surtout quand on regarde les montants financiers en jeu. L’honoraire de syndic moyen en France est de 170 euros par an (par copropriétaire ?). Cet empilement de textes pour règlementer une dépense qui représente moins de 10 % des charges de  copropriété m’interroge. Je me demande si l’on ne se trompe pas de cible, surtout au moment où les copropriétés sont amenées à faire d’importantes dépenses dans le cadre la rénovation énergétique.
Se préoccupe-t-on autant de réglementer les professions de plombiers, de serruriers, tous les corps d’Etat qui vont avoir à intervenir dans un immeuble, sans parler des diagnostiqueurs ? Je n’y vois pas de justification économique, ni réglementaire dans la mesure où il y a déjà une inflation démente de textes de loi, qui, soit dit en passant, justifierait à elle seule, une augmentation des honoraires.

N’y a t-il pas des mesures qui vous paraissent justifiées ?
L’idée qui consiste à dire qu’il faut encore mieux encadrer l’accès à la profession, vérifier ou imposer des conditions de diplômes ou de formation, va plutôt dans le bon sens. Après, concernant le sujet “serpent de mer“ du compte unique ou séparé, pourquoi pas ? On peut tout imaginer, mais il ne faut pas se raconter d’histoire. Les syndics ont longtemps tiré une partie de leur rémunération du placement des fonds mandants. Reste que depuis deux ou trois ans, celle-ci a fortement diminué compte tenu de l’évolution des taux d’intérêt. Par ailleurs, on s’est beaucoup fait plaisir à faire peur aux copropriétaires, notamment à l’occasion de l’affaire Urbania. Or, même avec ce groupe qui a connu énormément de déboires, les seuls qui n’y ont pas laissé un centime sont les clients. Cela prouve bien l’efficacité des dispositifs de contrôle existant, et notamment des caisses de garantie. Maintenant, s’il faut que les syndics ne soient plus rémunérés par ce type de placement, très bien ! Mais sachant que la marge des syndics est en moyenne de 1,72 % au niveau national, il va bien falloir compenser par une augmentation des honoraires les ressources dont ils disposaient par ce biais là. Or, qui donc serait touché, si ce n’est les copropriétaires ?

Pourquoi avoir lancé une campagne sur le métier de gestionnaire de copropriété  ?
La profession de syndic pâtit d’une mauvaise image, souvent imméritée. A nous de nous battre sur le front de la pédagogie, en expliquant mieux ce que nous faisons et comment nous le faisons, tout en améliorant la qualité de nos prestations. Cette campagne participe donc à la volonté de redorer le blason d’une profession qui en a bien besoin. On nous dit souvent que nous sommes inutiles. Or, si certains ont ce sentiment, c’est peut être justement parce qu’ils ne rencontrent pas de soucis avec leur copropriété car leur syndic ne s’en occupe pas si mal !

Propos recueillis par Paul TURENNE