[N°614] - Le billet de Marie-christine Ruffet

par Marie-Christine RUFFET
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De retour du salon de Paris

Le Salon de la copropriété a fêté le jubilé de la loi du 10 juillet 1965 devenue cinquantenaire (terme actuellement préféré à quinquagénaire car il rapproche plus des trentenaires que des octogénaires).
Jusqu’à une récente époque, cette entreprise aurait été risquée. Certains ignoraient ce qu’était un jubilé. Pire d’autres imaginaient qu’il s’agissait d’une manifestation sportive comme le marathon (les mêmes pensant que les aborigènes vivent dans les arbres …).
Heureusement, les érudits (espèce en voie de disparition) étaient, eux, intarissables, ils opposaient le jubilé des Egyptiens dédié au pharaon à celui des Hébreux sonné à la corne de bélier après sept fois sept ans… et à celui des catholiques, évolutif (sa durée étant passée de cinquante à vingt-cinq ans).
Heureusement aujourd’hui, grâce aux médias, plus personne n’ignore ce qu’est un jubilé, l’institution a été définitivement promue et incarnée par Elizabeth II, monarque constitutionnel de Grande-Bretagne et Irlande du Nord et d’une partie du monde. En 2002, elle a fêté son jubilé d’or, puis tenace, dix ans plus tard son jubilé de diamant.
La reine, petite femme mais très grande Dame, qui a remarquablement résisté grâce à une santé de fer qui lui permet encore de monter à cheval et de pêcher à la mouche, a un caractère d’airain et un humour héréditaires (n’a-t-elle pas feint un saut en parachute avec James Bond !).
Le salon avait choisi avec sobriété de limiter le jubilé à une conférence sur le thème de l’évolution de la loi du 10 juillet 1965.

Un jubilé implique la joie.
La jubilation ne fut pas au rendez-vous, ni même la simple satisfaction.
Après un rappel nostalgique, il fallait admettre que la loi avait mal vieilli. Faite pour une génération qui pouvait enfin accéder à la propriété, elle était simple, équilibrée, protectrice.
Elle fut confrontée et dut s’adapter à de multiples difficultés : l’absentéisme, les crises financières, le déséquilibre des outils de gestion.
Les réformes se sont succédées à un rythme décennal ; la loi s’est alourdie.
Les bouleversements des deux dernières années l’ont définitivement défigurée.
La loi ALUR, la loi Macron, la loi sur la transition énergétique et les multiples décrets, ont ouvert une ère nouvelle qui n’est plus la sienne.
Monsieur le Conseiller Capoulade a parlé de requiem, ses interventions limpides et fermes auront constitué notre moment de joie.